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24 avril 2004 - Toscane-Ombrie 2004

Sentiment religieux

A Pérouse, j'entre au hasard dans une petite église, près de San Francesco. En touriste consciencieux, j'admire un retable du treizième ou quatorzième siècle. A côté, une femme est agenouillée devant un autel. Puis elle se lève et s'approche d'une statuette de la Vierge à l'Enfant, bleue et blanche, comme on en produit en série depuis des siècles. Elle la contemple une minute, s'éloigne, revient et pose un baiser sur le pied du petit Jésus.

Un autre jour, à Orvieto, une petite église baroque non mentionnée dans les guides. Je regarde quelques tableaux, assez rapidement. Un panneau indique, dans une niche, un "enfant-Jésus miraculeux". C'est un bébé doré, enfoui dans un amoncellement invraisemblable de pierreries et d'étoffes. Devant, une tablette couverte d'images pieuses et un endroit pour s'agenouiller.

La valeur artistique d'une oeuvre ne détermine pas la ferveur populaire. Les papes et les riches familles prétendaient faire œuvre pie en commandant des fresques aux plus grands peintres, mais ils auraient fait autant pour la religion en faisant fabriquer des statuettes kitsch surchargées d'ornements.

A Spello, près d'Assise, grand pays producteur de saints, une petite église qui, comme souvent en Ombrie, affiche une façade banale. Je ne pousse la porte que par curiosité. A l'intérieur, la lumière du soleil couchant, filtrée par les vitraux, explose sur le décor baroque. C'est l'heure de la messe du soir. Dans une nef de côté, un prêtre raconte quelque épisode des Evangiles. Il parle comme un homme politique dans une réunion électorale. Sa voix s'enflamme sur les épisodes les plus pathétiques et réverbère dans toute l'église. Face à lui, pour admirer sa performance, seulement quatre vieilles paroissiennes.

Publié par thbz le 24 avril 2004

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