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6 mai 2007 - Arts, architecture...

Une cantate de Bach

Le sujet de cet article est une cantate de Bach. Le Temple du Foyer de l'Âme, près de la Bastille, a entamé une intégrale des cantates de Bach il y a quelques années, à raison d'une cantate le premier dimanche de chaque mois. Aujourd'hui, c'était la cantate « Derr Herr denket an uns », BWV 196.

(Il est 19h, j'ai donc une heure pour terminer cet article avant l'annonce officielle des résultats de l'élection présidentielle.)

Le Temple du Foyer de l'Âme est une cuvette très bien éclairée par un plafond vitré. Il n'encourage ni au recueillement gothique, ni à l'exaltation baroque. Il propose juste une communauté en apparence ouverte et fraternelle, avec une grande chaire bien exposée sur le mur du fond.

(France-Info, faute de pouvoir parler d'autre chose, donne les taux de participation, qui semblent encore plus élevés qu'au premier tour. Je ne suis pas allé voir les sites étrangers pour obtenir les estimations de résultats avant l'heure française légale. J'ai toutefois entendu des passants évoquer un chiffre, que je ne peux pas donner pour l'instant.)

Avant la cantate, le concert s'ouvre avec le choral « Erbarm dich mein, O Herr Gott », BWV 721. L'orchestre compte six instruments en plus de l'orgue, ainsi que quatre chanteurs. Seul l'orgue joue pendant le choral.

La cantate est courte. Elle commence par une sinfonia, morceau orchestral.

Chœur. Le deuxième mouvement fait intervenir les quatre chanteurs. À gauche, un brun habillé de blanc pour la partie de basse. À sa droite, un jeune homme blond qui accompagne de son corps les mouvements de sa voix de ténor. Puis un homme dont la corpulence imposante contraste avec une voix d'alto aérienne. Juste à côté de lui, une femme toute menue : pas plus d'un mètre quarante à l'encolure, mais elle domine l'assistance par une pose et un maintien dignes d'une diva.

(19h 30. Je n'ai pas pu m'empêcher d'aller voir sur le site de Romandie News. Leur estimation confirme celle que j'ai entendue dans la rue. Ils citent des chiffres donnés « par le ministère de l'Intérieur ». Pendant ce temps, France Inter continue à égrener des taux de participation, tout en essayant d'attiser le suspens : les chiffres donnés sur Internet, dit le journaliste, pourraient être remis en cause « surtout si les écarts étaient plus faibles que prévu ».)

Air. C'est un solo interprété par la soprano. Sa voix « fragile » évoque, selon le programme imprimé, la crainte de l'Éternel. C'est une jeune femme japonaise. Parfaitement à l'aise, elle regarde devant elle avec calme. « Er segnet, die den Herrn fürchten,/ beide, Kleine und Größe. » (« Il bénira ceux qui craignent l'Éternel / Tant les petits que les grands. »)

Une cantate, c'est une série de morceaux variés : instruments, orgue, chanteurs seuls ou en groupe. Si le sujet est toujours religieux et méditatif, la musique est colorée et jamais ennuyeuse. Au Temple du Foyer de l'Âme, les musiciens sont toujours jeunes et pleins d'entrain.

(Le site de la Tribune de Genève confirme les chiffres de Romandie News. Il indique que les partisans du candidat indiqué par ces estimations ont déjà commencé à se réjouir. Pendant ce temps, France Info rappelle les taux de participation.)

Duo. La basse et le ténor dialoguent. « Derr Herr segne euch je mehr und mehr,/ euch une eure Kinder. » (« L'Éternel vous bénira encore et encore,/ Vous et vos enfants. »)

Choral. Tous les chanteurs se réunissent pour un unisson qui se transforme en fugue. « Ihr seid die Gesegnten des Herrn, der Himmel und Erde gemacht hat. Amen. » (« Vous êtes bénis de l'Éternel, qui a fait les cieux et la terre. Amen. »)

(19h 40. France Info ne donne toujours pas les résultats, mais montre l'ambiance au siège des deux candidats : très animée dans les deux cas selon le journaliste. Pourtant, derrière les envoyés spéciaux, l'atmosphère semble beaucoup plus calme chez Ségolène Royal que chez Nicolas Sarkozy.)

La cantate est terminée. Une « Fantaisie en sol majeur », BWV 572, clôt le concert. Fantaisie un peu triste : l'orgue n'a pas une sonorité aussi belle que celui de l'église des Billettes.

Les spectateurs sortent peu à peu. Ce temple a été fondé par le pasteur Wagner, un prédicateur à succès au début du XXe siècle. Une exposition montre une lettre par laquelle le président Theodore Roosevelt l'invite à venir faire une tournée aux États-Unis. Des articles de journaux américains rendent compte des hautes capacités oratoires du pasteur français.

Sur la place de la Bastille, le soir commence à tomber. Les équipes de télévision se préparent.

Des cas de police se sont installés depuis longtemps dans les boulevards environnants. Les policiers discutent entre eux, fument une cigarette, attendent.

Pendant ce temps, un groupe d'acteurs-danseurs fait son spectacle devant l'Opéra. Leur dynamisme et leur humour réjouissent les passants.

(19h 58. France Info attend toujours. Jusqu'à la dernière minute ils auront réussi à parler sans donner les chiffres des estimations.)

Et au moment où on descend dans le métro, on entend quelques mots échangés par des passants qui passent sur des patins à roulettes : « Sarkozy à 54% ».

(20h. France Info l'annonce : « le nouveau Président de la République est Nicolas Sarkozy. » Quelques cris dans la rue.)

Cet article est terminé.

Publié par thbz le 06 mai 2007

3 commentaire(s)

1. Par S.  (06 mai 2007) :

Ici, il est 23:00 heures, on entend d'autres "cantates" que celui dont tu parles...
Bonne soirée!

2. Par thbz  (06 mai 2007) :

Hé oui, tu es loin. Mais j'imagine que tu entends quelques échos de notre lointain pays...

3. Par S.  (07 mai 2007) :

Beaucoup plus que quelques échos...
d'ailleurs quand on l'a dans le coeur, on est jamais loin...

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