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11 janvier 2009 - France

Visages de pierre

Bordeaux, comme Paris, c'est ce qui les rapproche, est une ville de pierre. Mais Bordeaux est une ville de pierre du 18e siècle, alors que c'est seulement au siècle suivant que Paris est devenu un vaste massif minéral interrompu par les canyons des rues et les vallées des avenues.

Ainsi Bordeaux a eu un Grand Théâtre avant Paris, et Garnier en construisant son Opéra a pensé à Victor Louis. Ainsi Bordeaux a structuré son centre en grandes avenues avant Paris, et Haussmann, préfet de Bordeaux, s'est souvenu de l'intendant Tourny lorsque Napoléon III l'a appelé à la capitale.

C'est en raison de cette antériorité qu'à Bordeaux, beaucoup plus qu'à Paris, les murs vous regardent :


(image cliquable)

Car c'est dans l'architecture élégante et gaie du 18e siècle bordelais, et non dans celle plus rigoureuse d'un 19e siècle parisien industrieux et bourgeois, que ces visages sculptés ou « mascarons » couronnent les porches des immeubles avec une fantaisie qui parfois grimace : allusion à un mythe, référence à un métier, indication du propriétaire ou secret du maître d'œuvre. On en trouve également à Paris, mais plutôt dans de vieilles rues étroites ou dans une réinterprétation ultérieure, de loin en loin. À Bordeaux, les mascarons s'affichent sur les avenues les plus larges, sur les places les plus réputées, et sur les quais, ils sont des dizaines à marquer l'entrée de chacune de ces maisons que les intendants de Louis XV ont voulues identiques, répétées, alignées à perte de vue face à la vaste étendue qui sépare la ville de la Garonne.

Publié par thbz le 11 janvier 2009

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