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13 septembre 2010 - Italie

Venise et l'eau (II)

Impossible, à Venise, de dire si l'élément premier du paysage est l'eau ou la terre. On est dans une ville parcourue par des canaux, mais aussi dans une lagune parsemée d'îles. Les canaux sont bordés de maisons ; l'île est entourée par l'eau de la lagune ; la lagune est enserrée entre le continent et la langue de terre du Lido. De l'autre côté du Lido, c'est la mer. Venise c'est, à l'image du continent européen tout entier du golfe de Botnie à la mer Égée, une interpénétration permanente des terres et des mers.

Tantôt l'eau, tantôt la ville prend le dessus selon l'endroit où l'on se place. Mais ni l'une, ni l'autre ne sont jamais absents.

Ainsi le Grand Canal fournit-il à la ville un boulevard urbain, site de transport en commun de proximité, adresse véritable des palais qui lui offrent leur plus belle façade, mais en s'approchant de San Marco il s'élargit peu à peu au point de se fondre dans la lagune. De même hésite-t-on à qualifier l'espace qui sépare Dorsoduro de la Giudecca : est-ce encore un canal ou déjà un bras de mer ?

L'eau est l'élément actif : elle ondule, clapote, gonfle avec la pluie ; elle porte les bateaux tout en menaçant de les renverser. Elle reflète et met en valeur les palais dont elle sape en même temps les fondements. À la moindre pluie l'eau commence à envahir les trottoirs. La ville est l'élément passif : elle reste immobile et résiste ; elle subit l'inondation et attend le reflux.

Enfin, dans une ville où aucune automobile ne pourrait passer, l'eau est le lieu du mouvement. Dans l'eau les Vénitiens ont tracé des rues étroites, une avenue monumentale qui est le Grand Canal et des routes balisées par des pieux en bois à travers la lagune. L'eau qui, à tout instant dans la ville, entrave les déplacements du touriste et l'oblige à calculer ses parcours, a permis aux navires vénitiens de conquérir la Méditerranée et ses routes commerciales. L'eau qui a ramené au cours des siècles des richesses dont l'accumulation invraisemblable en un même lieu a constitué cette ville qu'on appelle Venise entrainera aussi peut-être, un jour, sa disparition.

Publié par thbz le 13 septembre 2010

2 commentaire(s)

1. Par Détails  (15 septembre 2010) :

L'histoire de Venise et de l'eau est une histoire sans fin. Un éternel échange avec cet élément naturel, un éternel dialogue. Malgré toutes les difficultés, la ville n'a jamais entrepris des grands travaux d'aménagement pour contrer cette menace, elle est restée immobile, immuable, égale à elle-même mais jusqu'à quand?

2. Par thbz  (15 septembre 2010) :

Il y a maintenant le projet Mose, qui devrait permettre de réguler l'arrivée d'eau dans la lagune. Mais il ne fait pas l'unanimité, j'ai vu une banderole opposée à ce projet dans une rue de Venise...

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