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19 janvier 2004 - New York 2002L'arrivée à New York
Autres notes sur ce voyage à New York
Par une bizarrerie des voies aériennes, c'est du côté nord que nous entrons aux États-Unis. Les nuages qui couvraient le Canada se sont dissipés ; à dix mille mètres de profondeur apparaissent les premières villes américaines. Dès le premier coup d'œil, elles affichent leur appartenance à un autre monde. Un monde dans lequel les rues se coupent à angle droit ou tracent des courbes régulières. Un monde dans lequel les villes sont planifiées au lieu de croître le long des chemins de campagne. Un monde dans lequel on construit une métropole en trente ans et non en trois siècles.
J'éprouve un sentiment d'amusement, comme devant une maison de poupée trop bien rangée. Parce que le désordre et l'irrégularité apparaissent partout où l'homme intervient, parce que les sciences humaines sont les plus imprévisibles, il semble qu'une ville réelle doivent toujours finir par avoir un tracé chaotique. Ici, au contraire, la rationalité résiste.
Plus nous approchons de New York, plus les grappes d'habitations s'étendent. Finalement, aucun morceau de campagne ne les sépare plus, elles se rejoignent et forment une nappe immense, uniforme, jusqu'à l'horizon.
Parmi les ramifications des rivières et des bras de mer, je reconnais la pointe aiguë d'une île, un immense jardin rectangulaire et des tours minuscules : c'est Manhattan. A cette altitude, les gratte-ciels eux-mêmes n'émergent pas de la maison de poupée. Seule l'imagination crée l'émotion : j'ai sous les yeux les plus célèbres sites urbains du monde, la plus grande concentration de centres de décision et de hauts lieux culturels. « Dix millions de personnes habitent dans votre champ de vision », me dit mon voisin, qui habite dans le New Jersey.
Nous arrivons à l'aéroport John Fitzgerald Kennedy, coincé entre l'océan et un vaste marécage. C'est bien un aéroport international : on ne s'y sent guère plus aux États-Unis qu'à Roissy ou à Narita. Seuls les écriteaux, les noms de revues à la devanture des kiosques à journaux, les drapeaux américains accrochés sur les murs, les hangars et les pare-brise de voitures m'informent que l'avion m'a bien amené aux États-Unis.
C'est le métro qui peu à peu me plonge dans l'Amérique. Les premiers paysages urbains sont irréels. Encore une fois, les maisons de bois ne paraissent pas très sérieuses : elles ont l'air vraiment trop légères. Je les ai vues si souvent au cinéma que j'ai du mal à les accepter dans le monde réel. Je n'ai pas entièrement tort : le métro, qui passe à une hauteur que le constructeur de la maison n'a pas prévue, révèle souvent que derrière un fronton élevé se cache, en contrebas, une terrasse plate. La façade n'est qu'un décor.
La ville se met en place et force le métro aérien à descendre sous la terre. Peu à peu les New-Yorkais remplacent les voyageurs venant de l'aéroport. Je ne suis pas très dépaysé. La diversité ethnique des passagers est à peu près la même qu'à la Gare du Nord. Certes les obèses sont plus nombreux, surtout parmi les minorités, mais la majeure partie des New-Yorkais sont tout à fait semblables aux Parisiens.
Enfin j'arrive à Pennsylvania Station, en plein Manhattan. Le premier morceau de ville que j'aperçois en sortant du métro est l'enseigne du Madison Square Garden, et c'est sur le trottoir de la 8ème avenue que je fais mon petit pas pour l'homme. Dans l'enfilade des rues, des immeubles élevés resplendissent d'une couleur chaude. Au coin de la 34ème rue, je m'installe au Chelsea Star Hotel, dans une chambre pittoresque, bruyante et sans lavabo, qui me coûte le prix d'un bon deux-étoiles à Paris. L'Empire State Building et Times Square sont à moins d'un quart d'heure de marche.
Autres notes sur ce voyage à New York
Publié par thbz le 19 janvier 2004
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2 commentaire(s)
1. Par jean (31 janvier 2007) :
Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c'était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous...
Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New-York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.
Céline, Voyage au bout de la nuit , (1932)
2. Par thbz (31 janvier 2007) :
Eh oui, de nos jours c'est par le quadrillage rationnel des campagnes, des banlieues et des centre-villes qu'on aborde les États-Unis.
Il faudrait, dès qu'on sort de l'avion à JFK, prendre un taxi et aller à Staten Island par le pont Verrazano puis, une fois là, prendre le ferry (gratuit) qui traverse la baie de New York tout droit vers les gratte-ciel : ainsi pourrait-on prendre la ville debout de Céline en plein visage...