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9 juin 2010 - 13e arrondissementVille verticale
Paris, 13e arrondissement.
Sur le dessin de ces toits, j'observe avec la plus grande attention la ligne parfaitement rectiligne qui sépare les immeubles de gauche des immeubles de droite. De plus en plus nette au fur et à mesure qu'on remonte vers le haut de la photographie, elle fait même douter de la sincérité du photographe. Ne s'agit-il pas d'un montage ?
La photo n'a pas été retouchée.
Les immeubles qui donnent sur la rue de gauche doivent dater des années 1970 ou 1980. Dépourvus d'ornements, ils n'ont pas très bien vieilli ; les terrasses inutilisées donnent l'impression d'un certain gaspillage d'espace. L'empilement des corps de bâtiments semble avoir pour objectif, dans les limites du budget imparti, d'assurer une bonne luminosité aux appartements, malgré la taille assez réduite des fenêtres.
Ceux qui donnent sur la rue de droite datent des environs de 1900. Les toits s'agencent dans un jeu complexe de pans de zinc, de lucarnes et de cours minuscules. Les appartements sont sans doute assez sombres, mais la vue sur les toits est plus pittoresque. On imagine un chat ou un voleur se faufilant à l'aube entre les cheminées.
À droite, toutefois, l'agencement n'a pas tout prévu. Certains immeubles sont élégants lorsqu'on les regarde depuis la rue mais présentent sur le côté un grand mur de briques mal dégrossies, sur lequel le conduit des cheminées laisse une large traînée sombre. Pourquoi ces murs aveugles, si courants à Paris, n'ont-ils jamais été recouverts d'un enduit ? Sans doute le constructeur s'attendait-il à ce que cette paroi soit masquée un jour par l'élévation d'un autre immeuble. Le provisoire est devenu définitif, la transformation prévue à l'origine a été oubliée et le mur aveugle est devenu un élément parmi d'autres du paysage urbain.
Publié par thbz le 09 juin 2010
2 commentaire(s)
1. Par Linca (10 juin 2010) :
Cela me fait penser aux maisons vietnamiennes qui ont la même habitude des murs aveugles, démultipliée par le cadastre qui fait que les terrains urbains mesurent souvent 3 mètres de largeur pour 50 de profondeur...
2. Par Détails (10 juin 2010) :
Excellent! C'est le genre de détail invisible aux passants dans la rue. Cette ligne "réelle" existe et comme si elle faisait une frontière entre plusieurs générations.