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16 février 2014 - EuropeLe bâtiment où l'on déambule
L'Amour est un crime presque parfait, film récent d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu, conduit le touriste jusqu'à ce bâtiment de l'École polytechnique fédérale de Lausanne : Rolex Learning Center (agence SANAA, 2010).
La façade rectiligne, dépourvue de porte d'entrée, semble avoir pour seule fonction de refléter la ligne d'horizon des Alpes — c'est à dire un autre pays, car depuis Lausanne on voit plus souvent la France que la Suisse.
Par endroits toutefois la façade se soulève pour laisser le visiteur accéder aux cours intérieures puis, de là, à l'intérieur du bâtiment.
Les vastes baies vitrées empruntent le paysage extérieur, qu'elles cadrent et quadrillent comme pour mieux orienter le regard vers la contemplation.
Alors que le bâtiment paraissait plat et rectiligne depuis l'extérieur, il se révèle à l'intérieur pentu et composé de bulles.
On retrouve le vaste espace indéterminé dont les personnages du film ne cessent d'arpenter la moquette : le hall d'entrée — situé au milieu du bâtiment puisque les entrées sont à l'intérieur — se ramifie en espace de repos, couloir, cafétéria, sans qu'aucune cloison vienne jamais freiner la déambulation.
Le bâtiment est aussi ouvert à l'intérieur qu'il est ouvert sur l'extérieur. Aucune intimité ne paraît possible ici ; personne n'a rien à cacher. Le film utilise cette caractéristique panoptique, source d'angoisse, pour mettre en place l'intrigue policière.
La pente est telle, alors que le sol naturel est parfaitement plat, qu'il faut par endroits installer de vastes rampes pour les personnes en chaise roulante.
La fonction réelle du bâtiment se révèle assez différente de celle qui est présentée dans le film. La salle où Matthieu Amalric donne des cours semble être destinée à des conférences ou séminaires plus qu'à des cours universitaires. La bulle dans laquelle Denys Podalydès a installé son bureau est en réalité une salle de travail pour étudiants.
Le bâtiment est sublime — et la réalisation architecturale est superbe.
La visite laisse pourtant une impression étrange : au fond, à quoi tout cela sert-il ? Le bâtiment occupe, sur un seul niveau, une superficie considérable — 120 mètres par 160. Il héberge certes, à l'arrière, une bibliothèque universitaire et des bureaux, mais toute la partie située du côté du lac ne contient qu'une salle de conférences, deux ou trois salles d'étude minuscules, une cafétéria et un restaurant très cher.
Le reste n'est qu'espaces d'errance, de repos et de contemplation.
Publié par thbz le 16 février 2014
4 commentaire(s)
1. Par Détails (08 mars 2014) :
Je ne savais pas que l'édifice était ouvert au public, à moins que ce ne soit pas le cas...
Si je suis tes remarques, encore un exemple du génie de l'agence japonaise une architecture toute en discrétion et aux lignes épurée que les architectes ont réussi à "exporter" malgré certaines réticences.
"La visite laisse pourtant une impression étrange : au fond, à quoi tout cela sert-il ? [...]Le reste n'est qu'espaces d'errance, de repos et de contemplation."
Et si l'espace architectural sortait un peu de sa sacro-sainte fonctionnalité pour justement devenir un espace d'errance, de repos et de contemplation? Qui s'en plaindrait? :-)
2. Par Violaine (11 mars 2014) :
Oui bien sur que le bâtiment est ouvert au public. De nombreux etudiants de l'epfl et de l'unil viennent tous les jours y travailler au calme et dans un environnement propice à la concentration (j'en fais partie). Pendant les révisions, on trouve un peu partout des tables disposées en espaces de travail.
Oui, d'un point de vu pragmatique, ce bâtiment est sans contexte plein de contradictions, mais est-il vraiment question de pragmatisme lorsque l'on atteint cette "qualité" d'architecture ?
On s'y sent comme dans un monde à part, et à la fois appartenant pleinement au monde extérieur qui nous englobe. C'est quelque chose que j'aime beaucoup, il faut y aller et le voir (vivre) en vrai !
3. Par Violaine (11 mars 2014) :
sans conteste *
4. Par thbz (12 mars 2014) :
Merci pour ces commentaires ! Je n'ai vu le bâtiment qu'en touriste, mais j'ai bien vu que les étudiants qui s'y trouvaient ce jour-là (un samedi) semblaient s'y plaire.