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25 avril 2005 - Paris - Plus

Marathon de Paris

Les courses d'endurance sont soumises à une variante du paradoxe de Zénon. On a beau avancer, la partie restante paraît toujours aussi longue. On croit au départ d'un marathon que, dans vingt et un kilomètres, on aura fait la moitié de la course. Mais pas du tout : lorsqu'on passe sous la banderole des vingt et un kilomètres, c'est comme si l'on avait toute la course devant soi. Le coureur oublie les kilomètres au fur et à mesure qu'il les franchit, de sorte qu'à chaque instant l'idée du marathon se reporte toute entière sur la route qui reste à parcourir. Les douze derniers kilomètres, les cinq derniers font aussi peur que le marathon tout entier.

Tout commence vers neuf heures du matin ce 10 avril, au sommet des Champs-Elysées. Nous sommes trente mille, regroupés selon notre objectif, les plus lents à l'arrière, les plus rapides devant, les champions en tête.

Kilomètre 0. Les Champs ont beau être larges, il faut un bon quart d'heure pour faire partir tout le monde. Quinze minutes à piétiner en évitant les coupe-vents jetés à terre et les bouteilles déjà écrasées par des milliers de personnes. Lorsque je franchis la ligne, les premiers sont déjà au Louvre. J'ai un dossard vert, ce qui signifie que j'espère courir le marathon en quatre heures. Il faut rester modeste, c'est mon premier marathon.

Pas d'appréhension pour le moment. Hier soir, pourtant, cela n'allait pas si bien. J'ai lu un roman de Patricia Highsmith. Tom Ripley se déguisait pour prendre la place d'un peintre mort depuis plusieurs années. Un faux peintre pour vendre de faux tableaux. Comment allait-il s'en sortir ? Je parvenais assez bien à oublier la perspective du marathon.

C'est bien de se changer les idées mais il faut aussi, de temps en temps, affronter la peur en face : la poser devant ses yeux et lui régler son compte. Oui, je sais que je vais souffrir. Tout le monde parle du 30ème kilomètre, mais je dois me préparer à connaître des passages à vide bien avant. Je ne serai pas très bien au 5ème kilomètre ; j'aurai mal aux jambes au 15ème ; au 25ème je ressentirai une terrible envie d'abandonner. J'ai étudié le parcours et j'ai envisagé tous les problèmes que je risquais de rencontrer afin que, le moment venu, la surprise ne me fasse pas céder à une brève peur panique.

Kilomètre 1. Je me suis bien préparé. Comme l'indiquaient les donneurs de conseil sur le Web, j'ai alterné les entraînements longs, parfois jusqu'à trois heures, et les séances d'une heure avec des accélérations. J'ai couru deux, trois, quatre fois par semaine dans les rues de Paris et de la proche banlieue. Je connais très bien la rue de Tolbiac à six heures du matin ; les rues calmes du 12ème arrondissement, où on trouve des côtes intéressantes ; le lac Daumesnil au lever du soleil ; le quadrillage à vastes mailles de la ville d'Ivry ; les boulevards des maréchaux du 13ème, peu accueillants. Un dimanche matin, j'ai fait un tour complet de Paris : après avoir tourné sur les pentes ensoleillées des Buttes-Chaumont, je me suis perdu dans le 18ème arrondissement et j'ai dû éviter l'avenue de Wagram parce que le théâtre de l'Empire venait d'exploser. Un autre jour, j'ai couru jusqu'au parc de Sceaux.

Le kilomètre 1, c'est toujours les Champs-Elysées. On descend en pente douce. Il faut toujours regarder où on met les pieds, à cause des coupe-vents abandonnés. Toutefois on peut regarder la foule, les arbres, tenter d'attraper l'instant qui passe. J'ai déjà couru sur les Champs-Elysées. C'était un matin à six heures, il faisait encore nuit et on ne croisait que des fêtards attardés (« Tu veux une clope ? » : celle-là, on me l'avait déjà faite sur les trottoirs de Montparnasse). A présent c'est différent. C'est le marathon, le vrai. Je prends garde à rester concentré sur la course. Respirer : deux pas pour aspirer, un pas en apnée, deux pas pour expirer, un pas en apnée. Dans quelques kilomètres, je le sais, je perdrai ce rythme.

Certains coureurs s'arrêtent déjà le long des rangées d'arbres, vers le Grand Palais. Les courses d'endurance déplacent les barrières de la pudeur. A Londres, une marathonienne a dû s'arrêter un instant à cinq kilomètres de l'arrivée ; elle a tout de même battu le record du monde. J'ai pris mes précautions avant la course dans un café à côté de l'Etoile. La plupart des hommes faisaient moins de manière et allaient un peu n'importe où, sur l'avenue Foch, contre les somptueuses villas de l'Etoile, dans les rues bourgeoises qui entourent les Champs-Elysées.

C'est que l'élimination est un problème majeur dans une course de fond. Il faut déjeuner plusieurs heures avant la course et se vider le ventre le plus complètement possible. J'ai déjà eu des problèmes. Cette fois-ci j'ai pris un médicament pour éviter les maux de ventre. Encore un conseil très utile recueilli sur un site Web.

Kilomètre 3. Rue de Rivoli. J'ai un peu mal au pied gauche, à la base de l'orteil. J'ai eu des ampoules à cet endroit il y a une semaine, après mon dernier long entraînement. Un débutant s'inquiéterait de ressentir une douleur aussi tôt dans la course. Je n'y pense guère : c'est peut-être les peaux sèches qui râclent un peu contre la chaussette. Surtout, je sais que d'autres douleurs, plus tard, me feront oublier ce léger désagrément.

J'admire le paysage. Nous longeons le Louvre. Hier j'avais envie d'aller y faire un tour, mais c'était hors de question. Les donneurs de conseils sont formels : pas de musée ni de supermarché la veille d'un marathon. On reste chez soi, on fait la sieste, on mange des pâtes. Pas facile. Heureusement que Tom Ripley est là. Il s'en sort toujours. Sensible et amoral, il apprécie un tableau, aide un ami gratuitement et assassine celui qui menace son confort de vie.

Kilomètre 5. Premier ravitaillement sur la place de la Bastille. Les spectateurs sont nombreux. J'attrape une bouteille d'eau et des parts de banane. Il faut, paraît-il, éviter les oranges qui activent le transit. Pourtant j'aime bien planter mes dents dans un quart d'orange pendant une course. Je m'offrirai ce plaisir plus tard, lorsque l'arrivée se sera rapprochée.

Je regarde les passants. Certains nous applaudissent. D'autres tiennent des affiches à bout de bras. « Papy est ici ». « Papa on t'aime ». Des coureurs portent des inscriptions sur leurs maillots, tracées au feutre ou imprimées. « Nono on court pour toi ». Je reverrai plusieurs fois des gens qui courent pour Nono.

Kilomètre 10. Boulevards des Maréchaux. Du bruit : une voiture tente de nous couper la route en sortant d'un garage. Je pourrais la contourner par l'arrière. Je fais exprès de passer devant elle afin de gêner un peu plus le conducteur ; je tapote sur le capot en passant ; si j'avais eu une bague ou un objet dur, j'en aurais profité pour rayer la peinture. Pourtant c'est idiot : j'aurais dû passer derrière la voiture afin qu'elle se dégage plus rapidement et gêne moins longtemps la course.

Kilomètre 15. Virage à droite au fin fond du bois de Vincennes : il faut à présent traverser Paris dans l'autre sens. Je me sens bien. La douleur au pied a disparu ou bien je l'ai oubliée. Je respire un peu moins bien qu'au début : une fois tous les quatre pas et non plus tous les six. C'est normal à ce point de la course.

Le bois de Vincennes est très long. On s'ennuie un peu. Je l'ai prévu. Le 20ème kilomètre sera à la sortie du bois, le 25ème vers le pont Marie, le 30ème à proximité de la tour Eiffel ; le 35ème en enfer, à l'entrée du bois de Boulogne ; et le 40ème au-delà de toute expérience connue, dans le bois avant la porte Dauphine. J'ai dépassé le tiers du parcours. Jusqu'ici, comme dit l'homme qui tombe d'un gratte-ciel et n'a pas encore atteint le sol, jusqu'ici tout va bien.

Kilomètre 20. Comme il s'agit avant tout de terminer un marathon sans chercher à réaliser une performance, j'ai décidé d'obéir aux donneurs de conseils : ne pas forcer pendant la première moitié. Soit, dans mon cas, un peu moins de deux heures pour les vingt premiers kilomètres. Je peux encore réaliser le marathon en moins de quatre heures si j'accélère un peu dans la seconde moitié. On appelle ça le « negative split ».

Mais les donneurs d'avis disent aussi qu'il ne faut pas accélérer avant le 30ème kilomètre. Puis que les coureurs se heurtent à un « mur » entre le 30ème et le 35ème : il ne faut pas hésiter, alors, à ralentir pendant un ou deux kilomètres. Après le 35ème, ils doivent encore se préserver un peu, avant de tout donner, si possible, après le 40ème kilomètre. Autrement dit, j'ignore à quel moment je pourrai vraiment accélérer.

Nous longeons la rue de Charenton. Elle descend. Je continue à boire soigneusement. Je prends une bouteille à chaque ravitaillement et, contrairement à la plupart des coureurs qui la jettent au bout de quelques centaines de mètres, j'en bois les deux tiers en petites gorgées et je ne la jette que lorsque j'approche du ravitaillement suivant. Je prends toujours des morceaux de banane et un peu de sucre. Entre deux ravitaillements, je me force à manger un bout de barre énergétique.

Je ne souffre pas. La température est fraîche. Il ne pleut pas. Le temps est couvert. Bref, le temps est idéal. Peut-être devrais-je aller plus vite ; toutefois le mur du 30ème kilomètre m'impressionne par avance. Gardons un rythme prudent. Mon objectif, c'est 42 kilomètres, rien d'autre.

Bastille, de nouveau. Le 25ème kilomètre se fait attendre. Où est-il donc ? Voies sur berge. Les spectateurs s'installent au-dessus de nous, sur les ponts. Je prends la peine de regarder Notre-Dame. C'est important de regarder le paysage. Il faut prendre conscience que ceci n'est pas une simple balade du dimanche. C'est un marathon et pas n'importe lequel. Aucun marathon au monde n'a un cadre urbain plus beau, sauf peut-être le marathon de New York. Je dois en prendre conscience.

Kilomètre 25. Le voilà enfin. Ravitaillement.

Les voix qui nous encouragent deviennent parfois poignantes. « Bravo, bravo ! » Ils disent ceci à trente mille personnes, donc à moi en particulier. Une femme lance d'une voix forte : « C'est le plus beau spectacle de Paris ! » ; c'est moi, le plus beau spectacle de Paris. Pourtant le 26ème kilomètre est très long. J'ai mal aux pieds. Les jambes sont lourdes. C'est le kilomètre le plus dur du marathon, j'en suis persuadé à ce moment-là. Il faut tenir le coup, cela passera. Ne pas oublier de boire. Je sais, à présent, boire à la bouteille tout en courant. Ce n'est pas facile, l'eau éclabousse parfois sur le visage et rentre dans le nez.

Kilomètre 27. Le long tunnel des voies sur berge. A l'intérieur, c'est le vacarme. Certains s'amusent avec l'écho en criant : « On n'a pas... mal aux pieds » : do do do-o, sol ré do-o. J'économise mes forces.

Kilomètre 29. Une femme parle à son téléphone portable tout en courant : « Ouais, écoute, j'arrive au trentième kilomètre, je t'attends au ravitaillement, OK ? » Je continue à économiser mes forces.

Kilomètre 30. Cela ne va pas si mal. J'ai fait les trente premiers kilomètres en trois heures. Je sais que je ne courrai pas ce marathon en moins de quatre heures. Au départ, cet objectif me paraissait réaliste puisque je cours le semi-marathon en une heure cinquante. Désormais, je veux seulement finir ce marathon de manière digne, sans craquer complètement. En quatre heures dix, peut-être. J'accélérerai un peu si j'en suis capable.

Le soleil est apparu. Il fait un peu trop chaud.

A présent, c'est l'inconnu qui commence. Je n'ai jamais couru aussi loin. Dans deux kilomètres, nous allons traverser le 16ème arrondissement depuis la Seine jusqu'au bois de Boulogne. Il y aura une longue côte. J'ai un peu peur de ce qui m'attend. C'est la dernière ligne.

Un site Web, ou peut-être un prospectus distribué par l'organisateur, conseille à cet endroit de la course de visualiser un « parcours de douze kilomètres que vous réalisez avec facilité ». Comment, après trente kilomètres de course, réussir à se persuader que ce qui reste ne sera pas plus pénible qu'une petite course de douze kilomètres ?

Nous passons au bas du Trocadéro. Ce n'est pas un endroit agréable. Trop de voitures, trop de touristes, trop de marchands de bibelots. Mes souvenirs ne sont pas très bons par ici. J'y ai connu des moments de doute à l'automne dernier, pendant les 20 kilomètres de Paris.

Plus loin, sous le pont du métro, les spectateurs débordent sur la chaussée. Comme les cyclistes dans les derniers lacets de l'Alpe d'Huez, nous avons du mal à nous faufiler à travers la foule. Après trente kilomètres de course, ça ne donne aucun plaisir particulier d'être au centre de l'événement. Je crierais bien à ces gens de s'écarter si je ne craignais pas de perdre un peu d'énergie et de concentration. Toujours s'économiser.

Kilomètre 33. Début de la montée vers le bois de Boulogne.

Nous nous enfonçons dans les profondeurs du seizième arrondissement. Les gens, ici, sont blasés. Ils attendent poliment que nous soyons passés pour aller faire leur marché. Personne ne nous acclame dans les quartiers bourgeois, ce n'est pas le genre. Sauf une dame en chaise roulante.

Kilomètre 34. J'ai à peu près oublié la montée que je redoutais tant. Elle n'a aucune importance ; j'en ai vu d'autres. A ce point de la course, pourtant, chaque kilomètre est un peu plus dur que le précédent. Les jambes s'alourdissent. J'ai jeté la bouteille quelques centaines de mètres avant le ravitaillement, et déjà la soif revient.

Kilomètre 35. Bois de Boulogne. Avant-dernier ravitaillement. Je n'hésite plus à croquer dans des morceaux d'orange. Plus de banane, plus de barres énergétiques : le corps n'accepte plus grand'chose.

Mon rythme de respiration s'est à nouveau dégradé. Je respire tous les deux pas, à pleine bouche. Cette fois-ci, j'approche de la limite. Je cours comme je peux.

Certains ont encore de la force pour deux. Un homme s'arrête pour attendre un ami qui ne peut plus courir. Il l'encourage et réussit à le convaincre de repartir.

Des Anglaises bavardent. Leur accent de touriste et leur bonne santé m'irritent. Je ne dis rien, bien sûr. On pourrait croire qu'un marathon libère les pulsions, mais ce n'est pas vrai du tout. Il faut bien plus que cela pour changer un homme. Jusqu'au bout je resterai poli. Jusqu'au bout je jetterai mes bouteilles d'eau dans des poubelles si j'en trouve et j'éviterai de me moucher salement comme ceux qui soufflent dans une narine en serrant l'autre avec le doigt.

Kilomètre 37. Le parcours est cruel. Tout à l'heure on croyait avoir bien entamé la traversée du bois de Boulogne, et voici qu'un virage nous ramène à la porte d'Auteuil. C'est comme si la traversée restait à faire tout entière.

Voici le lac, dont il va falloir faire le tour. On aperçoit, tout près sur la droite, un flot ininterrompu de concurrents qui, eux, en ont terminé avec le lac. Ils ont un ou deux kilomètres d'avance. Ils sont donc forcément heureux puisqu'ils sont plus près que nous de l'arrivée. J'ai oublié Zénon : pour eux comme pour nous, tout reste à faire.

Cette boucle autour du lac, elle aussi, est traîtresse. Je m'imaginais avoir quitté le champ de courses de la porte d'Auteuil : elle nous ramène auprès de lui. Elle serpente. Elle prend vers l'ouest, comme si elle s'apprêtait à remonter ensuite au nord vers l'arrivée, puis oblique à nouveau vers le sud pour nous emmener un peu plus profondément dans la forêt.

Il y a deux kilomètres encore, l'objectif était d'arriver jusqu'au bout sans m'arrêter. Jusqu'à présent, contrairement à beaucoup de concurrents du même niveau que moi, je ne me suis jamais arrêté pour marcher, sauf les quelques pas nécessaires à chaque ravitaillement pour attraper une bouteille et de la nourriture. Tiendrai-je jusqu'au bout ? Je n'y crois plus vraiment. Je vais essayer de courir jusqu'au kilomètre 40 et je marcherai ensuite : je pourrai bien m'offrir cela. J'arriverai en moins de 4h 30. C'est un temps honorable.

Kilomètre 37 et demi. Stand de ravitaillement supplémentaire. Je marche quelques pas de plus que ce qui est nécessaire. Malgré le soleil, malgré la tentation si séduisante de l'arrêt, je repars encore une fois. Je ne cours pas beaucoup plus vite que ceux qui marchent.

Si je m'arrête pour marcher, je ne pourrai pas dire que j'ai couru un marathon. Or la chose la plus importante est de ne pas avoir de regret. Pour cela, peu importe que j'atteigne ou pas l'objectif des quatre heures. Il faut surtout que je puisse dire : j'ai fait tout ce que je pouvais. Les actrices des films de Naruse disent cela avec un mot très beau : Isshôkenmei. Si je ne le fais pas cette fois-ci, cela me hantera longtemps et je devrai à nouveau, un jour, reprendre l'entraînement, vaincre la paresse, me lever à cinq heures du matin trois fois par semaine, affronter la peur d'hier soir, la souffrance de ce matin. Pour toutes ces raisons je dois finir de courir ce marathon. Pas marcher. On ne dit pas marcher un marathon, cela n'existe pas.

C'est bien de souffrance qu'il s'agit à présent, pas de douleur. La douleur, c'est le cri que chacun pousse quand il coince son doigt dans une porte. C'est ce que je ressentirai demain quand je descendrai un escalier en grimaçant. Ce n'est pas grand'chose, ça ne dure pas, ça n'a pas de goût amer et ça ne laisse pas de trace. Philippe m'a demandé ce que c'était, pour moi, la souffrance. La réponse m'a paru évidente : la souffrance, c'est la douleur avec un peu de désespoir en plus. La douleur touche une partie du corps, alors que la souffrance blesse le corps entier. La souffrance peut détruire une personne si elle se prolonge ou si elle se répète trop souvent. Là, je n'en ai plus que pour quelques kilomètres. Et en plus, je l'ai choisi. Certains souffrent pendant des années. Je n'ai pas à me plaindre.

Kilomètre 39. Tout ceci, je ne pourrai l'écrire qu'après la course. Pour le moment, je ne suis pas en mesure de comparer ma souffrance à celle des autres.

A quoi pense le coureur de marathon ? Pense-t-il à ses proches, à ses projets ? La douleur fait-elle remonter des souvenirs oubliés ? Suscite-t-elle des hallucinations ?

Non, le coureur de marathon pense à une chose : le prochain kilomètre, et à une autre : les trois ou quatre prochaines foulées, un piquet à éviter, un virage à ne pas rater, et à une autre chose encore : la bouteille d'eau, les fruits secs, le quartier d'orange. Une ou deux fois par kilomètre, peut-être, il s'accorde une pensée privée : un petit souci, par exemple, un souvenir, un visage. C'est un luxe : s'il laissait son cerveau divaguer, sa concentration se relâcherait un instant de trop et il serait obligé de s'arrêter. Son corps ne suivrait plus. Quoi qu'en disent les physiologistes et les anatomistes, le cerveau est un muscle : sa fonction, c'est de tirer à toute force, toujours un peu plus loin, un corps exténué.

Kilomètre 40. Quarantièmes rugissants. Quarante jours, quarante ans dans le désert. Nous avons couru quarante kilomètres. C'est un nombre énorme et incroyable.

Dernier ravitaillement. Derniers quartiers d'orange. Dernière bouteille d'eau. Je peux encore courir jusqu'au kilomètre 41. Après, peut-être, je marcherai.

Depuis longtemps je ne crois plus au plaisir de l'arrivée. J'ai perdu mes illusions. Il n'y a pas d'apothéose à la fin d'un marathon. Ce n'est pas vrai. Ca ne suffit pas. Les acclamations, ça n'est plus très important. Les félicitations des proches, on n'y pense même plus. Etais-je heureux lorsque je terminais un semi-marathon ? Non, parce que j'avais trop mal aux jambes. Une victoire n'est pas agréable lorsqu'elle coûte trop cher. Je n'aime pas les poissons avec des arêtes ; on ne sent pas bien le goût. Je cours parce que je n'ai plus le choix.

Kilomètre 41. Le bois de Boulogne n'en finit plus. Monotone, sans grâce. La route est large, les arbres sont clairsemés mais je ne fais pas attention à eux. Mon champ de vision se limite à la chaussée, parce que je cours dessus, et au bas-côté que je dois éviter.

Le 42ème kilomètre est beaucoup plus long que tous ceux qui l'ont précédé. J'aperçois l'université de Paris-Dauphine. La banderole du 42ème kilomètre doit être au début du rond-point. Elle n'y est pas. Nous prenons la large courbe. Mauvaise nouvelle : la chaussée est pavée. Une foule anonyme et bruyante occupe le trottoir.

Où est donc la fin de ce 42ème kilomètre ? C'est la moitié du rond-point et on ne la voit toujours pas.

Il y a pourtant une banderole là-bas, vers la sortie du rond-point. Non, c'est juste le toit d'un véhicule qui brille au soleil. Peut-être les organisateurs n'ont-ils pas installé de pancarte pour le 42ème kilomètre parce que l'arrivée est toute proche. Oui, c'est sûrement ça, j'ai déjà franchi le 42ème kilomètre. Il reste trois cents mètres, ou deux cents, j'ai oublié quelle était la longueur exacte d'un marathon.

Nous débouchons sur l'avenue Foch. Elle est très large. Des milliers de spectateurs sont massés derrière les barrières et nous acclament. Un haut-parleur encourage les premiers marathoniens. J'aimerais retrouver les accents de De Gaulle, lorsqu'il voit devant lui la mer humaine qui vient l'accueillir sur les Champs-Elysées le 26 août 1944. Pour l'instant j'ai d'autres priorités. Je risque encore de m'arrêter pour marcher. Il faut faire attention.

J'en profite tout de même un peu. C'est en principe un accomplissement majeur, de terminer un marathon alors qu'on a toujours été plutôt mauvais en sport. Je me convaincs donc que je suis en train de faire quelque chose de bien. Emotion un peu artificielle. La priorité, c'est de terminer les vingt pas qui restent jusqu'à la ligne. Dix pas, trois pas. Gauche, droite, gauche.

42 kilomètres, 195 mètres. Par un ultime effort de concentration, je lève un peu les bras en franchissant la ligne d'arrivée. Au même instant je suis pris d'un accès de sanglots. Des sanglots sans larmes, car toute l'eau du corps est partie dans les muscles ou dans l'atmosphère. Je suis content, tout simplement. Mais alors, vachement content. Je ne m'attendais pas du tout à une telle joie pure et sans arrière-goût.

Quatre heures vingt, ce n'est pas si mal. Huit mille personnes arriveront derrière moi. Plus de regret, plus de projet à réaliser. Certains coureurs s'allongent sur l'herbe et tentent de récupérer. Je fais patiemment la queue au ravitaillement, puis je récupère mes affaires au vestiaire et je vais m'asseoir sous l'Arc de Triomphe pour regarder les touristes.

Une heure après l'arrivée j'ai toujours le souffle court, mes jambes sont en papier mâché. Mes dix doigts de pied me font tous mal ; les ongles des gros orteils sont violets, le sang a dû s'y accumuler.

Tout ceci est supportable. Je peux marcher, et dans l'après-midi j'irai même voir un film de Mc Carey au cinéma. Si je ne me suis pas effondré, c'est que je n'ai pas poussé mon corps à bout. Je n'ai pourtant pas de regret parce que mon mental, lui, a atteint ses limites et c'est pour cela que j'ai souffert. Je ne suis pas allé plus vite parce que je n'avais pas les ressources. Je n'aime pas beaucoup le sport et je n'ai pas le culte de la performance. J'avais surtout un peu d'orgueil, dans lequel entrait une certaine revanche contre le service militaire. Ce n'est pas grand'chose pour pousser un homme à courir un marathon. C'est donc une réussite totale d'y être parvenu malgré tout. Isshôkenmei.

En enfilant un tee-shirt propre, au bord de l'avenue Foch, j'ai dit à un autre coureur que c'était mon premier marathon. Il m'a répondu que c'était son dernier. « J'ai fait trente marathons. Deux ou trois par an. Maintenant j'en ai un peu marre. L'entraînement, les contraintes, tout ça c'est terminé ». Je me sens un peu dans le même état d'esprit. C'est fait. Ce n'est plus à faire.

Thierry Bézecourt, mai 2005

Publié par thbz le 25 avril 2005

55 commentaire(s)

1. Par Tlemcen  (07 juin 2005) :

Un marathon, c'est aussi et surtout la ville qu'on traverse. La course peut être juste le prétexte de la découvrir. L'expérience est pas la même quand la ville est pas la même. Je n'ai jamais fait qu'un semi marathon à Rome, et un autre à trieste le mois dernier. Mais voilà c'était Rome, c'était trieste, et même si on en bave, on n'en bave pas tout à fait exactement kif kif pareil... Va savoir: l'accent, l'organisation, la température, le public... ça renouvelle l'expérience.

2. Par Titi  (28 septembre 2005) :

Je viens de participer a ma premiere course a pieds, le paris versailles 2005. Distance modeste, mais vécue comme une bonne expérience, puisque me voici candidat a mon premier semi-marathon (en novembre).

Le marathon, je ne me sens pas encore prêt. Dans un an peut etre, qui sait ?

Toujours est-il que lire votre témoignage m'a vraiment touché. J'ai meme eu la gorge serrée par moments !

Etrange comme les souvenirs, les sentations évoquées remontent à leur simple lecture.

Quelqu'un qui n'a jamais couru et essayé de se dépasser ne doit pas pouvoir prendre la pleine mesure de l'expérience décrite. Moi même, faute d'avoir "souffert" assez longtemps, je ne suis pas certain d'en percevoir toute l'ampleur.

Mais merci pour ce beau texte, et bon courage si d'aventure, vous changiez d'avis et décidiez de remettre ça...

3. Par thbz  (28 septembre 2005) :

Merci... J'avais envie de faire le Paris-Versailles, pour voir ce que donne la côte des Gardes, mais je m'y suis pris trop tard. Autrement dit, j'ai eu la flemme.

Je referai peut-être des semi-marathons. Mais sans doute pas un marathon. Car j'ai acheté un vélo ce printemps et c'est un sport qui permet de faire autre chose que du sport : monter des cols, mais aussi visiter des églises au passage (Massif Central), ou admirer les paysages (Alpes).

4. Par Zéofgignac  (15 novembre 2006) :

Bravo pour ce récit et surtout merci.
Après quelques courses pédestres de 10 à 15 kms et 2 semi marathon (Marseille - Cassis), je me suis inscrit pour la 1ère fois au marathon de Paris pour l'édition 2007. La description de vos sensations me met l'eau à la bouche et me révèle à la fois quelques inquiétudes. Mais qu'il est beau d'atteindre son objectif. Quelle joie intérieure! Quel bonheur de mener à bien un tel projet et de se dire qu'on ne le doit qu'à soi même !

5. Par thbz  (15 novembre 2006) :

Merci ! 2 semi-marathons, c'est bien avant un marathon. Peut-être un troisième semi-marathon quatre ou cinq semaines avant le marathon et tout devrait bien se passer. Bon courage pour les entraînements ! Et n'oubliez pas de profiter du paysage en descendant les Champs-Elysées et la rue de Rivoli !

6. Par clausse  (16 novembre 2006) :

j'ai commencé à lire votre témoignage, en pensant ne pas le finir mais au fil des passages,je suis allé au bout. je suis trés fier de votre performance pour une première participation au marathon de Paris.je suis courreur entre 11 et 15 journalier, vous allé rire je n'ai jamais fait de marathon, des 21 30 35km mais jamais 42,195 !! étonnant je fais quelques raid en VTT,ou des RAID VTT piscine, Course à pied, course d'orientation le tout conbinés, certain raid me méne à 4 voir 5 h d'effort. actuellement en nouvelle calédonie pour le travail 2 ans (je suis militaire de carriere). j'espère un jour participer à un marathon, je ferai Paris je pense. mais mon réve et bien celui de New York (le billet est chere).
monsieur CLAUSSE Laurent
et encore mes respect comme on dit chez nous, sur cette épreuve vous avez été le plus fort
toute mes félicitation

7. Par thbz  (16 novembre 2006) :

Le marathon de New York, c'est un rêve, le parcours est sublime, mais c'est cher et compliqué. Je me suis renseigné il y a deux ou trois ans : il y a un contingent de places limité pour les étrangers, donc il faut passer par un tirage ou sort. Ou bien on fait appel à des tour-opérateur qui ont des places réservées, mais ça coûte évidemment plus cher.

8. Par mike from tahiti  (19 janvier 2007) :

très touchant surtout les derniers kilomètres..
je n'ai jamais fait de marathon mais on s'y croirait réellement dedans!!!
mon premier marathon est dans 3 semaines...
merci pour toutes ces impressions, et même, ayant fait mes études à Paris, j'ai pu visualiser l'immense parcours...
j'espère être à la hauteur de mon marathon...
merci

9. Par Benoît  (21 janvier 2007) :

Votre récit est magnifique.

10. Par phil  (15 février 2007) :

courir un marathon relève de l'introspection et
vous l'avez joliment narré .
à deux mois de mon troisième , j'ai hâte de me
retrouver dans cet état premier ,face à moi-même,
la souffrance endurée pendant trois ou quatre
heures procure à posteriori une immense sensation
de bonheur à chaque fois que le souvenir est
évoqué, et çà c'est unique .
(je vous suggère le marathon des grands crus de
Bourgogne en octobre, un peu difficile par son
dénivelé mais magique pour son cadre et son
ambiance .)

11. Par Audrey  (21 février 2007) :

je tenais à vous dire que tout ce que vous écrivez, je l'ai ressenti exactement de la même manière un an plus tard! J'ai fait le marathon de Paris le 9 avril 2006 en 4h20 min (heureux hasard quand même) et chaque km a été vécu de la même manière que vous. J'ai eu beaucoup d'émotions en lisant votre récit car il pourrait être signer de ma plume...
J'ai 23 ans et c'était mon premier marathon, j'espère en refaire mais dans 10 ans, celui-là est trop inoubliable pour passer à autre chose.
Je viendrai le 15 avril mais cette fois-ci pour encourager les nouveaux marathoniens et surtout les ravitailler!
en tous les cas, bon courage à toutes et à tous et merci pour ce récit vraiment formidable!
audrey de l'hay les roses (94)

12. Par S.  (24 février 2007) :

Bonsoir!
Ce n'est pas la première fois que je te le dis, tu as une manière très poétique et attachante pour écrire... Je connais une personne qui a plus que 50ans et il a fait toute sa vie des marathons, triathlons,etc...effectivement pour lui c'est un sport comme un autre, un moment à passer et penser à la prochaine compétition mais dans ton récit, je vois autrement les choses, tu les décrit comme une épreuve, un but qui marque pour la vie. Dans quel état d'esprit tu étais juste à la sortie de cette épreuve? Est-ce-que ça représente la même chose pour toi aujourd'hui? J'ai jamais fait de marathons dans ma vie, j'en ferai pas non plus même après ce magnifique récit, je suis très curieuse de connaître les états d'âmes de quelqu'un qui l'a fait juste pour aller au bout de ses forces...Merci et Bravo à toi, je serais vraiment incapable sur ce coup là même avec toute la volonté du monde, s'il s'agit juste de volonté...

13. Par thbz  (24 février 2007) :

Autrefois, avant les 35 heures, on travaillait onze mois à la suite et finalement, un vendredi après-midi, on sortait du boulot un peu plus tôt que d'habitude. On marchait un peu dans la rue, on hésitait à prendre le métro parce qu'il y avait dans l'air un parfum inhabituel : celui des vacances. On savait qu'on allait avoir quatre ou cinq semaines de congé, que pendant tout ce temps on n'aurait plus à se lever le matin, à repasser ses chemises ou à préparer des réunions. C'est la même odeur que connaît l'étudiant qui vient de terminer son dernier examen de juin. Ce n'est pas une grande excitation, juste un moment plutôt agréable, tranquille : on est presque étonné de trouver devant soi ce temps libre et non organisé. On vit avec moins de contraintes.

C'est à peu près l'état d'esprit dans lequel j'étais dans les heures qui ont suivi le marathon. Je n'avais plus à m'entraîner ni à surveiller mon alimentation. À cinq heures de l'après-midi je suis allé manger dans un restaurant du quartier chinois, puis j'ai vu un film au cinéma. Le lendemain matin je n'ai pas eu à me lever tôt pour m'entraîner. Voilà, rien d'exceptionnel, juste une charge en moins.

Aujourd'hui, c'est un souvenir lointain et un peu inutile. Ca ne sert pas à grand'chose, un marathon ; il ne vit guère plus que dans ce récit. Il s'agissait moins de faire un marathon que de l'avoir fait. Ce marathon fait partie de mes accomplissements, comme un livre pour un écrivain ou un contrat pour un homme d'affaires, et je n'ai pas besoin de revenir dessus. Le récit qui est sur cette page, parce que je l'ai particulièrement soigné, est plus important que le souvenir du marathon lui-même.

14. Par Lol  (23 mars 2007) :

Merci pour ce récit qui explique bien ce à quoi l'on doit s'attendre dans ce parcours du ... marathonien. Que ce soit à Paris ou ailleurs.

Très intéressant à lire pour avoir "chopper" des réponses sur toutes les inévitables questions que l'on se pose quand on doit faire un marathon dans .. 1 semaine par exemple (1er Avril - Marathon de Cheverny).

Car même en ayant fait plus ou moins 20 semis par an depuis 3 ans (tout seul, tranquillement, sur "mes" bords de Loire hormis 1 semi officiel à Nice en 2006), mais n'ayant jamais dépassé (il faisait beau et doux ce jour là sur "mes" bords de Loire et je me sentais bien malgré la chouille de la veille) les 2 heures 45 et quelques 28 kms et des poussières ... on ne sait pas si on saura le faire, tant que l'on ne s'y est pas frotté ... on ne sait pas si on pourra le faire. Là je suis en train de me dire "OK je suis allé jusque là ... mais plus loin ? Jusqu'ou ? ..."

Et les autres questions arrivent, tombent, se posent toutes seules ... Vais-je pouvoir le faire ? Tenir les 4 heures ou plus ? Et les fameux "murs" et cap difficiles à franchir ? Et mon tendon d'achille qui recommence à me titiller juste maintenant ? Et mon arthroscopie qui a moins de 6 mois (j'ai encore des fourmis quand je touche à mon genou) ? Et ... ? Et .. ?

Et bien ... comme vous dites, ce sera km après km.
En espérant connaitre le plaisir d'avoir pu le faire au moins une fois et connaître ce moment de l'après-course ou l'on doit agréablement flotter dans sa bulle, content de sa "performance". Performance et plaisir qui sont bien personnels d'ailleurs ... même si les autres qui ont supporté les semaines d'entrainement sont, je pense, également ravis que cela soit fait !

Et puis ça va le faire ... forcement !
Surtout que j'aimerai bien pouvoir faire celui du Médoc en Septembre. Et puis après ... ce sera bien comme ça je pense.

Merci pour votre superbe récit qui m'a permis de "vivre" dans ma tête un marathon avant de le "vivre" aussi dans mes jambes.

PS: Autre moyen de découvrir des endroits ou des villes: Avoir toujours dans le coffre de sa voiture son sac avec short, chaussures, tee shirt quand on part le week end quelque part. Et partir le Dimanche matin, tranquille, pour aller courir "à la montre" (pour savoir quand il faut faire demi-tour) et ainsi visiter et découvrir de nouveaux paysages (des fois c'est moyen mais des fois c'est vraiment très sympa).

15. Par thbz  (23 mars 2007) :

Merci pour votre témoignage. J'ai fait ça une fois, aller courir sur son lieu de vacances, au hasard, depuis l'hôtel en pleine campagne jusqu'au village le plus proche, dans les merveilleuses collines de Toscane...

16. Par Julien  (29 mars 2007) :

Bonjour,

merci pour ce fabuleux récit. On sent à travers tes lignes la souffrance que tu a enduré, et je revis les instants de mon semi-marathon de Paris, en 2005. Les mêmes doutes, les mêmes galères. A l'époque, je ne m'étais pas entrainé pour le semi, et j'étais arrivé à le finir tout juste en 2h30. Sur la fin, j'étais dans le même état d'esprit que toi : impossible de reflechir à autre chose qu'aux deux prochains pas, ne pas penser à tous ses muscles qui tiraillent, ne pas pleurer de douleur.

Cette fois-ci, je vais courrir dans 2 semaines le marathon 2007 et je me suis plus entrainé, sans pour autant avoir accompli un entrainement modèle. Comme toi, mon objectif est donc de le terminer, peu importe le temps. Ton récit m'a permis de très bien visualiser les difficultés de cette épreuve, le fameux MUR, les pentes et les avenues sans supporters.

Merci donc pour cette prose, je tacherai de me souvenir de ta douleur lorsque je ne pourrai plus penser à la mienne.

17. Par thbz  (29 mars 2007) :

J'en profite pour souhaiter bonne chance à tous ceux qui, en préparant leur marathon, font une recherche sur Google et tombent sur cette page. Ne vous découragez pas ! La quasi-totalité des gens qui prennent le départ du marathon arrivent au bout.

18. Par Franck  (04 avril 2007) :

Dans un peu moins de 2 semaines, je vais parcourir le marathon de Paris. Je me suis dit : "pourquoi ne pas jeter un oeil sur le net pour découvrir des témoignages de marathoniens" et je suis tombé sur le votre.

Vu la taille de la scollbar de mon navigateur je ne pensais pas arriver jusqu'au bout du récit mais ce dernier m'a littéralement plongé dans ces moments uniques de joie, de découverte et de souffrance. Quel joli témoignage ! Félicitation !

Cela va être mon premier marathon. Objectif évidemment, le terminer. Cela fait un an et demi que je cours régulièrement. Initialement c'était pour perdre du poids (103 kilos pour 177 cm). Grâce à la course à pieds et plus particulièrement à la préparation du marathon, je pèse maintenant 88 kilos. Pour moi c'est déjà une victoire. Et contrairement à ce qu'on peut croire, j'ai pris et je continue à prendre du plaisir à courir. Le secret : courir très lentement la première année, vraiment très lentement en essayant d'allonger la distance progressivement. Avec la préparation du marathon j'ai varié mon allure régulièrement et maintenant je peux faire un 10 km en 55 minutes.

Pour info ce sont des collègues qui m'ont inscrit au marathon de Paris. J'ai pris ce challenge très au sérieux et je me suis entraîné 3 fois par semaine depuis novembre 2006 jusque 8 semaines avant l'échéance (à cause du poids à perdre) puis 4 fois pendant ces 8 semaines pour une préparation officielle.

Maintenant je n'ai qu'une envie, quitter la ligne de départ et franchir celle d'arriver avec probablement beaucoup de souffrance et de doute entre les deux ;o)

Merci encore,
Franck

19. Par Arno  (05 avril 2007) :

C'est toujours très plaisant pour moi d'entendre les confidences d'un coureur qui est allé au bout de lui-même.Je pratique moi aussi dans cet esprit, persuadé qu'on n'utilise que partiellement toutes ses potentialités et convaincu qu'il n'y a pas de satisfaction plus grande,surtout à mon âge (61), qu'un franchissement de ligne d'arrivée dans une grande course.
A chacune de mes arrivées sur le grand raid de la Réunion (6 fois) ou sur un marathon ( 4 fois), j'ai ressenti une émotion indicible qui arrache les larmes, qui vous donne un sentiment de puissance incroyable, qui vous rappelle que tout le reste est relatif, qui mesure toute la souffrance endurée.
Dans quelques jours je quitterai mon île pour rejoindre Paris et son marathon ( quand je travaillais , celà n'était pas possible).
Un autre défi à relever cette fois: courir en dépit d'un cancer que je maîtrise parfaitement pour le moment.
Vivement le 15!

20. Par enzoenzo  (11 avril 2007) :

Je ne vous félicite pas ! je savais qu'aller sur la toile n'était pas une bonne idée. Un peu comme quand un matin on se lève avec un bouton rouge mal placé et qu'on essaie de trouver des infos sur le net...
Bref , j'ai relevé le challenge d'un copain il y a quelque mois de faire le marathon de paris et me voilà à moins de 4 jours de l'échéance.
Je vous passerez le détail de ma préparation . Mais respecter ces exercices imposées par ceux que vous nommez les spécialistes et pendant 10 semaines ce n'est pas trop mon truc et j'avoue que j'ai fait appel à mon "feeling" ( je suis un être faible...) et je vous passe tous les rdv chez le médecin, le kiné et l'ostéo : j'ai du voir en 3 mois le corps médical autant que le reste de ma longue vie :).
Bon ok vous avez encore augmenté l'angoisse du coureur que j'essaie d'être avant le marathon. Mais en vous lisant je crois que j'ai commencé à entrevoir les raisons profondes qui me poussent à aller jusqu'au bout de ce challenge . j'en saurais plus dimanche vers 12h30 , enfin j'espère.
En tout cas j'ai adoré votre récit décalé, votre auto-dérision et votre aisance à traduire ce que vous avez vécu. Vous m'avez donné envie de relire Ripley :)

21. Par YAYA  (11 avril 2007) :

Paris 2007, devait être mon 10ème marathon, le premier 1995 La Rochelle 3h44, le 8éme La Rochelle 2005, 3h01, PARIS 2006 en 3h03.
Hélas mille fois hélas, une plubalgie me laissera sur le trottoir cette année, si mon dossard dans le sas des 3h intéresse quelqu'un...
yannick.andre6@wanadoo.fr
Bon courage et bonne course aux autres...
Et à l'année prochaine...

22. Par arenas  (12 avril 2007) :

bonjour je m'appelle Marie,
je suis la compagne de Christian, futur marathonien 07. Sportif averti et passionné de course à pied il a déja participé au marathon de Marseille.
L'aventure est née lorsque mon amie Nathalie m'annonça qu'elle inscrivait son mari Anthony au marathon de Paris
Alors je décida d'offrir pour Noël à Christian le sésame, lui permettant de participer à la prestigieuse course
c'est ainsi que dès le mois de janvier les deux compéres se sont retrouvés 5 fois par semaine pour leurs entraînements, parcourant ainsi la bagatelle de 576 kilomètres
je les encourage et leur souhaite bonne chance.
la fatigue commence à se faire ressentir
mais ils iront jusqu'au bout....nous vous accompagnerons tout le long, la banderolle est prête, les suporters aussi
bonne chance à christian et anthony d'Istres (13)
ils seront dans le sas des roses, je pense que je me suis légérement trompée à l'inscription puisque leur temps est de 3h30, et qu'ils devraient être dans les bleus...ils auront de la marge

23. Par Bultel  (15 avril 2007) :

Photos du Marathon de Paris 2007
venez vous découvrir ici www.corinnebultel.com
bravo à tous
lien direct: http://s149508063.onlinehome.fr/index.php?x=browse

24. Par Cyril  (16 avril 2007) :

Bonsoir,

Je n'écris jamais pour intervenir sur le Web, mais votre récit m'a énormément touché.

J'avais moi aussi le rêve de réaliser MON marathon : pas de don en sport, pas de service militaire, pas de médaille de jeunesse mais un égo suffisant pour tenir le défi. J'ai donc réalisé ce rêve depuis hier dimanche 15 avril avec le marathon de Paris. Je n'ai pas fait de performance extraordinaire (4h40 !) mais je l'ai fait. Je l'ai fait. Ces quelques mots veulent tout dire. Mes 42,195 kms ont été éprouvants, très éprouvants mais aussi si intenses, si émouvants...

J'ai lu votre récit plusieurs fois avant le jour J. Avec le recul, votre épopée ressemble étrangement à la mienne ; j'ai ressenti les mêmes choses dans ces rues de Paris totalement offertes à "nous", avec ses passants tellement motivés à nous voir réussir notre aventure, cette générosité entre coureurs, cette ambiance, ces costumes, cette musique... C'est étrange de voir ces milliers de gens qui se déplacent pour acclamer une foule (et dont chacun d'entre nous), les entendre dire "Mais ils sont fous !". Le peuple des grandes villes est d'ordinaire si anonyme. Mes entrainements en solitaire (2 à 3 par semaine) m'avaient donné l'impression d'être transparent et d'un coup, la foule nous reconnaît, chacun d'entre nous devient un héros. Jusqu'au fin fond du bois de Vincennes, les spectateurs étaient là, pour nous encourager, applaudir durant quelques secondes leurs amis, leur mari, leur père.

Chacun de mes kilomètres a été une victoire (je n'avais jamais fait au maximum qu'un semi) : à 5, 10, 21, 30 ou 42. Mes objectifs : rester concentré, respirer, contrôler mes douleurs, tenir, boire, manger. L'impression à 21,1 kms de rentrer dans un territoire inconnu est fantastique : Vais-je tenir ? Est-ce possible de faire encore quelques pas ? Ai-je assez bu ? Vais-je vomir, m'écrouler ? Tant de coureurs craquent qu'il faut se plonger dans sa casquette et suivre la ligne bleue du parcours pour durer, encore 10 kms, encore 5, encore 3...

Le parcours parisien est sublime : les Champs évidemment, la majestueuse rue de Rivoli, le tranquille bois de Vincennes, les impitoyables quais de la Seine, l'enfer du Bois de Boulogne et enfin l'arrivée, le dernier virage, la foule, les haut-parleurs...

A mon arrivée, j'ai pleuré comme un gosse. Je n'étais pourtant pas champion du monde et je suis arrivé plus de deux heures après le premier. Mais l'émotion reçue durant le parcours m'a tellement stimulé qu'à l'arrivée, j'ai craqué. Je riais en même temps, tellement content de passer la ligne d'arrivée en courant.

Ma soeur était là l'arrivée (NB aux "débutants" : ne pas oublier de se donner rendez-vous aux lettres des sas d'arrivée, de A à Z), fidèle au poste pour les premiers soins (tendon d'Achille douloureux, genou brûlant, crampes énormes). Ne pas pouvoir monter un trottoir vous fait comprendre à quel point vous avez repoussé vos limites...

Au final, ce marathon m'a apporté une sensation indescriptible. Les mots ne sont pas assez forts pour réellement expliquer ce que l'on vit. Mes crampes d'aujourd'hui me font sourir, elle me rappellent que j'ai réussi mon défi personnel.

Et maintenant ? Vivement le prochain marathon (est-ce que j'aurais les mêmes émotions ?), mais pas trop vite... Mettre l'entrainement un peu en pause, c'est bien aussi.

Un marathon est finalement faisable, avec un peu d'entrainement et de courage. Alors n'hésitez pas à vous lancer, à réaliser votre rêve. Vous vous leverez le lendemain, courbaturé, mais si léger...

Bonne nuit,
Cyril.

25. Par thbz  (16 avril 2007) :

Merci pour votre témoignage, Cyril. Nous avons vécu la même expérience à deux ans d'intervalle et je me reconnais entièrement dans vos paroles.

Je n'avais personne pour m'attendre à l'arrivée en ce qui me concerne, mais ce n'était pas très grave. Un marathon, c'est d'abord une aventure intérieure.

Si on fait un marathon, c'est aussi pour le raconter.

26. Par L-tz  (18 avril 2007) :

Ce récit est vraiment poignant. Félicitations pour l'avoir écrit, mais surtout, félicitations pour cette aventure.

En ce qui me concerne, je n'ai jamais couru, mais j'ai travaillé quelque temps pour un sponsor du marathon de paris avec une collègue totalement passionnée par la course à pied. Résultat, j'étais inscrit au semi que je n'ai pu faire pour cause de blessure, et j'espère bien faire le marathon l'année prochaine ou la suivante... Et comme vous le dites si bien, la quasi totalité des partants arrivent, et j'espère bien en faire partie, et le finir en courant, ce qui ne sera pas facile...

27. Par marie  (18 avril 2007) :

çà y est le marathon est passé!!
que de bonheur et de peur
quand on voit les coureurs avec le sourire et la rage d'aller au bout de ces 42 km
mais qu'elle angoisse quand on est sur l'arrivée, quand on croit que son compagnon va arriver vers les 3h30 et qu'on ne le voit pas arriver
alors s'empare une veritable inquiétude, les larmes coulent sur le visage
on se dit "non tout va bien, il va arrivé, et pourtant on entend les sirènes des ambulances et...enfin le voilà qu'il passe la ligne à 4h12'40'' quel soulagement, bravo à vous tous pour ces émotions!!

28. Par thbz  (18 avril 2007) :

Marie, dans un marathon on sait à quelle heure on part des Champs Élysées, on ne sait pas à quelle heure on débouchera sur l'avenue Foch. Moi aussi je suis arrivé plus tard que je ne l'espérais. Un marathon, c'est deux fois un semi-marathon et quelque chose en plus ; c'est ce quelque chose qui fait mal... Bravo à votre compagnon !

29. Par enzoenzo  (18 avril 2007) :

Voilà c'est fait ! je crois que je n'oublierais jamais mon 1er marathon.
Décidement, toute cette demesure , cette foule cosmopolite, ce mélange de plaisir et de souffrance , ça va bien avec Paris.
Je me retrouve assez bien dans votre récit : un 1er semi euphorique, les yeux grands ouverts,et surtout cette sensation d'osmose avec les autres coureurs.

La 2eme partie n'a pas été un chemin de croix mais une prise de conscience progressive de la déclinaison de mes ressources , de mon epuisement progressif. Et beaucoup de coureurs qui se mettent à marcher ou qui s'arretent.

Et puis une accuulation de souffrances à partir du 35eme : cuisse droite, puis cheville gauche, puis crampes aux mollets. Je me demande encore comment j'ai fait pour ne pas marcher ! (sans doute un peu grace à vous!)
Evidemment la chaleur y etait pour beaucoup : à l'arrivée sur l'avenue foch, on ne devait pas être loin des 30°. Et là que de sentiments mélangés !le soulagement avec un zeste de fierté et l'envie de s'allonger et de se laisser aller :)
Bon mon temps est de 4h10 alors que je visais plutôt 3h50 mais la performance est anecdotique par rapport à ce que j'ai vécu ce jour là.
Et là aprés ces quelques jours d'intériorisation, j'ai vraiment envie de recommencer !

30. Par stef1109  (27 avril 2007) :

Bonsoir ami marathonien,
J'ai fais le marathon et je dois dire que je ne suis plus partante pour le refaire l'année prochaine... 3h02 en temps et 3 jours à m'en remettre...
En tout cas je suis touchée par ce que vous écrivez...
amicalement,
stf

31. Par Laurent  (07 mai 2007) :

Un seul mot: BRAVO !!!
Je compte faire le marathon de Paris 2008 et franchement j'espère le faire en moins de 6h (quoique !)

Je tiendrais un blog sur mes entraînements avec photos :-) et sur le marathon de Paris 2008

Le nom du blog:
http://Un-defi-a-relever.blogspot.com

32. Par thbz  (08 mai 2007) :

Je ne peux pas ajouter de commentaire sur votre blog, qui n'accepte pas les commentaires anonymes, mais je vous sohaite tout de même bonne chance. En tout cas vous commencez l'entraînement bien tôt !

33. Par ansel patrice  (14 mai 2007) :

salut, quel récit, j'en pleure encore, comme à l'arrivée du louvre 2007- je me suis fixé 4h , tenant compte de l'entrainement que j'avais , et ce pour mon 1er marathon- ouais 4h , faut etre fou- je suis parti un peu vite au 12 j'avais 1m30 d'avance sur mon temps- au 18 dans une cote- point de coté et à a partir de là - galère- je marches dés le 27 et envie d'abandon au 31- puis cette volonté impréssionnante de finir- kilo par kilo- je cours 500m je marches 2m- je cours un kilo - jemarche 2 m- mes crampes sont terribles-
l'arrivée. je marche jusqu'au 41.5 et je finis en courant , les derniers 100m je sprinte avec des violentes douleurs sur les fessiers et à l'arrivée j'éclate en sanglots- je l'ai fait , j'ai tenu- 4h43 pas terrible pour un 1er mais pas craqué arghhhhhhhh p... comme c'est dure -pour cette fois ci dés le départ je n'avais pas de jambes je le referais en 2008 , avec une meilleure gestion de la 1ere partie de course- - - enfin je fait partie du club des marathoniens et j'en suis fier ...
patrice

34. Par Fred  (07 juin 2007) :

En avril dernier j'ai couru mon troisième marathon, celui de Paris. Comme tout un chacun, j'ai parcouru le web et lu de très nombreux témoignages pour parfaire ma préparation. Le vôtre est franchement à part, il reflète une grande beauté intérieure. Merci d'avoir écrit ces si belles lignes, nous sommes nombreux à nous retrouver à travers elles.

35. Par H W  (14 juillet 2007) :

Bonjour thbz,
je savais que je vous laisserais un commentaire, ce qui est toujours pour moi un acte (plus ou moins) réfléchi, et celui-ci devait l'être plus particulièrement.
J'ai découvert votre site par l'intermédiaire de la course à pied. En lisant l'admirable récit de votre marathon, j'ai été profondément troublée. Pour plusieurs raisons que je ne peux pas toutes citer. Simplement, comment exprimer à quel point je me suis reconnue! Et je ne suis pas la seule d'après certains commentaires. Mais il y a une différence avec les auteurs de ceux-ci, c'est que je n'ai pas encore couru de marathon!
J'ai récemment pris la décision, mûrement méditée, de courir celui de Paris 2008. J'appréhende cette épreuve, et je me suis maintes fois imaginé son déroulement. Celui-ci m'est apparu incroyablement semblable à celui que vous avez si bien su restituer. Tout comme l'après course dans votre réponse à S. Il faut avoir beaucoup de recul pour affirmer ce que vous avez écrit, mais je comprends votre point de vue et votre sentiment. Par contre, comme je ne rédigerai jamais un aussi beau texte que le vôtre, je pense que cette expérience, si j'ai le courage de l'accomplir, sera un fait important dans ma vie. Pour l'instant, ce "n'"est "qu'"un objectif.

La beauté et les réflexions de votre texte m'ont forcément amenée à parcourir les autres billets de votre blog. Ils n'ont pas démenti ma 1e impression. J'ai réellement été charmée par votre plume, votre sensibilité, votre sens de l'observation et du détail, que je partage. De même, la plupart des thèmes que vous abordez me touchent de plus ou moins près: sans entrer dans le détail, le marathon donc, Paris, l'Asie, l'art, la musique, et ...l'Aurore de Murnau. Le fait que vous ayez écrit un billet sur ce film m'a beaucoup frappée car je l'ai découvert il y a deux ans dans un contexte bien particulier et qui me tient beaucoup à coeur.
Merci de nous faire partager votre richesse.

36. Par thbz  (15 juillet 2007) :

Merci pour votre commentaire. Je ne suis pas toujours conscient de la manière dont les articles de ce blog vont être reçus...

Mais il ne faut pas prendre un marathon trop au sérieux. Pour moi, c'était la cerise sur le gateau et la conséquence logique d'un semi-marathon.

Je vous souhaite de trouver le courage de vous entrainer jusqu'au marathon et le bonheur, ensuite, de l'avoir réalisé !

37. Par Vikk  (23 juillet 2007) :

Très belle aventure intèrieure...
Le marathon en lui même, c'est la partie émergée de l'iceberg... tu aurais pu parler longuement des heures et des heures d'entrainement... des galères physiques... des doutes, des espoirs préalables à la course... des verres que tu as refusés, des bonnes bouffes que tu as évitées... Quand tu arrives au bout des 42,195 kms, ca n'est pas le résultat de 3h ou 4h d'efforts... c'est le résultat de 3 mois, 6 mois ou un an d'efforts et de sacrifices... pas étonnant d'avoir une petite (grosse) larme à l'oeil quand tu franchis la ligne... et cette sensation d'avoir accompli quelque chose, elle t'accompagne pour longtemps après coup... en tout cas, jusqu'au prochain marathon...
Vikk

38. Par thbz  (23 juillet 2007) :

J'aurais pu, par exemple, évoquer ce Marathon de 2004 pour lequel je me suis entraîné méthodiquement, rue après rue, semaine après semaine, jusqu'au dimanche de l'épreuve où je me suis réveillé avec 39°5 de fièvre... toute une saison d'efforts perdue, avec en plus un sentiment de culpabilité : peut-être l'appréhension du jour J avait-elle suscité en moi cette maladie qui tombait si bien à propos pour me « libérer » ? Libération bien temporaire car, après un temps de découragement, il a fallu que je m'y remette, dès l'automne suivant : une fois qu'on a commencé à s'entraîner pour un marathon, je ne crois pas qu'on puisse vraiment renoncer tant qu'on n'est pas, au moins une fois, allé jusqu'au bout.

39. Par clément  (14 août 2007) :

Bravo belle course..
J'ai eu aussi la chance d'en faire 1 et pas des moindre, celui de New York ( à 24 ans c'est un beau cadeau que l'on m'a fait)
Enfin!! J'ai rencontré un autre problème outre les douleurs musculaires habituelles !! c'est les problèmes gastriques et là comment dire : lorsqu'au environ du 25ieme kilomètre vous courez dans ces grandes avenues New yorkaises avec 1 millions de personnes qui vous regarde et une diarée monumentale :( !!! on se sent vraiment vraiment tout petit !!!! :D

allez à bientôt.

40. Par jacques  (01 septembre 2007) :

SUPER LE RECIT DU MDP BRAVO PAFAITEMENT EXPRIME
DES SOUVENIRS SIMILAIRES ONT SURGI ET ME VOILA REPARTI POUR LE MDP2008
PEUT6ETRE QUE LA BOURGE EN FAUTEUIL ROULANT MA SALUERA AUSSI
MERCI
JACQUES

41. Par clémentine  (09 novembre 2007) :

j'ai été très touchée par votre récit que j'ai relu plusieurs fois. je me suis inscrite pour le MDP 2008, le premier. cette épreuve est pour moi un rêve et un défi personnel à accomplir. votre texte raconte parfaitement et magnifiquement toutes les sensations d'un marathonnien, j'essaye de m'en imprégnée afin de ne pas avoir de mauvaises surprises le jour J.
bravo pour cet exploit et encore merci pour le plaisir que cette lecture m'a apportée.

42. Par thbz  (10 novembre 2007) :

Merci ! Mais vous savez, il y a autant de marathons que de marathoniens : le vôtre sera sûrement différent du mien. Je vous souhaite qu'il soit un bon souvenir.

43. Par Gilles Etchepare  (03 avril 2008) :

Magnifique récit, merci beaucoup!
Je fais mon premier marathon dans 3 jours (celui de Paris) et c'est très agréable de se dire qu'on est tous unis; même si c'est dans la souffrance.

44. Par riri06  (04 avril 2008) :

Bonjour,

... et bravo pour ce blog et en particulier l'excellent recit de ton marathon de Paris !

nous serions tres fier si tu pouvais le publier sur www.courirlemonde.org, "le site de tous les marathoniens" ... il rejoindrait ses petits copains et ferait la joie de nos lecteurs

bien evidemment, tu pourras mettre un lien sur ton blog en en-tete de ton recit ... tu pourras profiter des +220.000 visiteurs uniques de notre site !

A bientot sur le site, j'espere

Henri
www.courirlemonde.org

45. Par marc  (07 avril 2008) :

Coucou,
J'ai couru hier le marathon de Paris et en cherchant les résultats, je suis "tombé" sur ton blog.
Bravo, le marathon est une expérience fantastique.

Mais il ne faut pas s'arreter aprés le premier, le 2éme est encore plus beau...

46. Par HW  (07 avril 2008) :

Aujourd'hui, je peux revenir sur votre réponse à mon 1er commentaire: c'est vrai qu'il ne faut pas prendre un marathon trop au sérieux finalement. Mais ça, je l'ai admis pendant ma préparation, peut-être en partie par peur de l'"échec".
Je ne pouvais m'empêcher de penser à votre récit: des sorties de 3h en entraînement, 1h50 au semi, pour un marathon en plus de 4h avec quelles souffrances à la clé! J'avoue avoir beaucoup douté après avoir couru le semi-marathon en 1h52, et n'y avoir pas pris beaucoup de plaisir, coincée et parfois bousculée au milieu de tant de monde. J'avais moi aussi cet objectif de 4h pour le marathon, mais sans jamais avoir couru plus de 2h20 à l'entraînement.
Pourtant, j'ai réussi mon objectif, et je n'ai pas éprouvé les souffrances que vous avez décrites, peut-être parce que j'en ai connu d'autres pendant l'entraînement. Oui, j'ai conquis ce grand bonheur d'être arrivée à bout de ces 42,195 km.
En relisant votre récit, pour le confronter à ma propre expérience, je retrouve beaucoup de points communs, notamment avec votre état d'esprit.
Comme vous, j'ai ma revanche sur un passé peu glorieux sportivement, dû à un surpoids qui a un peu gâché ma verte jeunesse et plus. Pour moi, ce marathon était également la cerise sur le gâteau, car comme j'aime à le dire "je ne suis pas course": c'était juste un objectif suffisamment intéressant pour me permettre d'explorer un peu plus mon potentiel, une sorte de challenge personnel. Enfin, mon état physique post-course m'a permis, après une petite sieste, d'aller écouter un concert de l'orchestre que j'ai abandonné cette année, afin de préparer ce défi sportif.
Aujourd'hui, je retrouve une vie plus riche et (momentanément, car ce n'est qu'une impression immédiate) plus légère à la fois...

47. Par thbz  (07 avril 2008) :

Bravo à tous les deux, ainsi qu'à tous ceux qui ont couru hier. Il y a peut-être deux sortes de marathoniens : les vrais "coureurs" qui en feront quinze dans leur vie, et ceux qui veulent surtout en avoir fait un...

Je suis du second groupe : du marathon d'hier, je n'ai vu que quelques supporteurs dans le métro.

48. Par nfkb  (15 octobre 2010) :

Bravo pour ce très beau récit ! j'ai retrouvé beaucoup d'émotions vécues lors de mon premier marathon, notamment cette fatigue mentale...

a bientot sur ce blog probablement

rémi

49. Par Hervé  (13 février 2011) :

Très beau récit, qui n'est pas sans rappeler l'excellent ouvrage de Pierre MATHIOTE "A quoi pensent les marathoniens ?" (http://www.amazon.fr/quoi-pensent-marathoniens-Pierre-Mathiote/dp/2915530408)

50. Par thbz  (13 février 2011) :

Merci Hervé. Je n'ai jamais entendu parler de ce livre. En cherchant un peu sur le Web, il semble en effet qu'il ait exactement le même sujet que cet article et il a dû être écrit à peu près en même temps (publication en 2005).

Je trouve une description de ce livre qui dit qu'il «  aborde les questions de la philosophie du mouvement, de la poétique du geste, de la psychologie de l'athlète marathonien. Ainsi, à chacun des 42 kilomètres de la course, l'auteur tente de se substituer au coureur pour imaginer ce qu'il ressent ».

C'est très troublant car c'était exactement mon intention en écrivant cet article (dans lequel, toutefois, je n'imagine rien : je raconte !).

J'y ai pensé pour la première fois la veille du marathon, ou quelques jours avant, et j'avais l'idée écrire un roman entier dont le fil rouge aurait été la description, kilomètre par kilomètre, d'un marathon. Trop paresseux pour écrire un roman, je me suis contenté d'un article de blog :-)

51. Par Fred  (09 janvier 2012) :

Waouh, quel récit ! J'en ai presque eu les larmes par moments, c'est très poignant.

Je vais courir mon premier marathon en juin... J'ai vraiment hâte, et je flippe un peu aussi en même temps. J'ai toujours eu de mauvaises notes en sport (sauf en course à pied, ça allait à peu près), et ce marathon, c'est important pour moi. Je vise les 4h, mais comme vous, je vise avant tout les 42,195 km en courant !

Encore merci pour votre super témoignage qui m'a vraiment touché !

52. Par thbz  (10 janvier 2012) :

Merci pour votre commentaire, Fred, et bon courage pour le mois de juin ! Nous nous ressemblons, sauf que j'étais médiocre même en course à pied...

53. Par Fred  (11 novembre 2012) :

Merci !
Je suis a l'aube de mon 1er marathon (à Orleans)...
Dimanche prochain sera le grand jour...
Je l'ai prépare relativement seul sans être accompagné de personnes d’expérience donc je cherche des réponses à mes angoisses et au sensations que je vais ressentir...
Dans mon planning d'entrainement, jamais je n'ai couru plus de 2H30 (28Km) ensuite se sera le mystère et vous me l’éclairez un peu, sans langue de bois.... je penserais a vous certainement dans ces moments .... dur moments.... j'ai peur !

54. Par thbz  (11 novembre 2012) :

2h 30 pour 28 km, c'est un bon temps. J'espère que cela se passera aussi bien pour votre marathon !

Mais vous ne penserez certainement pas à ce que j'ai écrit. Vous songerez aux derniers kilomètres, à la crainte de l'épuisement et à l'entrée dans l'inconnu...

Merci pour votre commentaire.

55. Par thbz  (27 novembre 2017) :

Petite information : Jean-Christophe Collin, journaliste à l'Équipe, a publié récemment un livre pour lequel il m'a interviewé : « 42,195 km - Le marathon par ceux qui l'ont couru » (extrait sur http://fr.calameo.com/read/0042455503313a708dcbd)

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