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4 août 2010 - Arts, architecture...

Monet et l'abstraction

« Monet et l'abstraction », exposition au musée Marmottan.

L'exposition, organisée dans le cadre admirable du musée Marmottan, tente de montrer une filiation entre Monet et de nombreux peintres abstraits ou quasi-abstraits (Kandinsky, Rothko, Clifford Styl, de Staël, Vieira da Silva, Joan Mitchell...)

Toutefois, dans la plupart des cas, les tableaux abstraits exposés paraissent bien pâles et plats. Les toiles de Monet, juste à côté, ont plus de chair, elles excitent plus de sensations dans l'œil du visiteur. Elles ont plus de dimensions (y compris la troisième), superposent les plans (plantes, surface de l'eau, reflet du ciel nuageux) et expriment le mouvement des arbres et celui de l'air. Alors que certains tableaux abstraits expriment le « jaillissement », Monet représente le même jaillissement incarné dans une plante, et son tableau est riche à la fois de la représentation d'un archétype et de la présence d'une plante particulière.

Une exception : Gerhard Richter (Schein, 1994), un tableau très simple, avec des trainées sombres sur un fond blanc (comme celui-ci), qui laisse entendre avec force l'existence d'un monde caché derrière une brume (pour le peu que je connais de Richter, ses œuvres malgré leur extrême variété sont toujours captivantes en ce que, par des effets de transparence, de flou ou d'accumulation de couleurs, elles attirent l'attention du spectateur en l'amenant à regarder plus attentivement le tableau pour aller au-delà de la première impression ; à tel point que les rares tableaux de Richter que j'ai eu l'occasion de voir sont solidement accrochés dans ma mémoire). Il est vrai que le tableau de Monet accroché à côté est beaucoup plus petit et assez peu remarquable : une église qu'on devine à travers le brouillard, dans une grisaille qui ne permet pas au peintre d'exercer sa maitrise de la couleur.

Un peu plus loin, les cartons de l'exposition évoquent une filiation avec Vieira de Silva que je ne saisis pas : le tableau exposé, typique de Vieira, est composé d'un réseau de verticales et d'horizontales qui fait penser à une ville ancienne à flanc de montagne, vue en perspective cavalière, ce qui a peu à voir avec les recherches de Monet.

En revanche, le lien avec les expressionnistes abstraits est beaucoup plus convaincant : un Pont japonais de 1918 (le plus petit parmi les deux qui sont exposés), peint à coup de larges touches de peinture de couleurs vives couvrant tout le tableau, aurait pu être réalisé quelque part aux États-Unis à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. À moins qu'il ne soit tout simplement inachevé.

Au total, l'exposition séduit par la qualité des tableaux exposés plus qu'elle ne convainc par son propos.

Publié par thbz le 04 août 2010

1 commentaire(s)

1. Par Détails  (30 septembre 2010) :

Dans les tableaux de Monet, l'imagination est assez limitée:
dans le temps comme toutes les toiles impressionnistes,
dans le cadrage et le choix d'un morceau du paysage
dans les couleurs qui suivent le choix du paysage.

Dans le cas des tableaux abstraits l'imagination est sans limites, liée à la capacité d'interprétation du contemplateur.

A part des couleurs vives, je ne vois pas en quoi on pourrait trouver une filiation entre ces deux mondes finalement si différents le seul lien qui les rejoint étant l'Art...

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