Thèmes :
- 13e arrondissement (24)
- Arts, architecture... (66)
- Asie (23)
- Banlieue (1)
- Chine (2)
- Cinéma (43)
- Citations (3)
- Corée (57)
- Divers (34)
- Europe (13)
- France (22)
- Graffiti (12)
- Italie (31)
- New York 2002 (13)
- Paris (53)
- Paris-Millau 2005 (6)
- Plus (14)
- Toscane-Ombrie 2004 (5)
- Tours (13)
- bloc-notes.thbz.org (2)
- États-Unis (1)
« Poétique du Code civil | Accueil | »
30 août 2004 - DiversLa Presse de Tunisie
Il faut lire un quotidien tunisien qui s'appelle La Presse de Tunisie. C'est très exotique.
J'ai cinq numéros entre les mains. Ils sont tous faits sur le même modèle. Sur la première page, en haut à gauche, un article annonce les dernières initiatives prises par le Chef de l'État. L'article cite toujours son nom en entier : le Président Zine El Abidine Ben Ali, ce qui fait plus d'effet que "Ben Ali" tout court.
Chacun des articles est accompagné d'une photo du Président : dans son bureau, dans une réunion, toujours en plein travail. Dans quatre des cinq numéros, il s'agit de mesures que le Président a prises ou qu'il annonce. Dans le cinquième, l'article titre sur une Grande marche populaire de gratitude au Président Ben Ali, car son action favorise le développement d'une région tunisienne :
Les participants ont porté à cette occasion des banderoles exprimant leurs sentiments de considération au Président Zine El Abidine Ben Ali ainsi que leur attachement à sa politique clairvoyante et à ses choix judicieux.
En dessous, l'éditorial reprend et commente l'action en question sous un titre toujours positif : Le primat du social, Une dynamique de progrès, Santé : conforter les acquis. Le texte de l'éditorial explique de manière très pédagogique l'utilité des mesures et insiste sur l'engagement personnel du Président. Ainsi peut-on lire les expressions suivantes dans un seul éditorial intitulé Justice sociale :
L'attachement du Chef de l'État à garantir... sous l'impulsion personnelle du Président Ben Ali... La grande réforme de l'assurance-maladie, dont la loi vient d'être promulguée par le Chef de l'État... [le salaire minimum et diverses pensions] ont, une nouvelle fois, été revalorisés par les soins du Président de la République... Fonction [celle d'arbitrage des litiges sociaux par un juge] que le Président Ben Ali a recommandé de mieux faire connaître...
Plus amusant, dans la plupart des numéros l'éditorial souligne sur le rôle de modèle que joue la Tunisie dans le domaine auquel se rapporte les mesures prises par le Président. On apprend ainsi que la réforme mentionnée précédemment va doter la Tunisie d'un système digne des pays les plus développés. Surtout, la politique des prix fait l'admiration de tous les observateurs de par le monde. Dans un autre numéro, l'éditorial soulignait le rôle important joué par la Tunisie dans les relations diplomatiques internationales.
Tout ceci surprend le lecteur européen pour deux raisons : parce qu'il n'est pas habitué à une telle flagornerie dans ses journaux nationaux et parce qu'il n'est pas du tout sensible à un éventuel prestige international de la Tunisie : la Tunisie, pour un Européen, c'est une plage avec des hôtels et un peu de désert derrière.
Publié par thbz le 30 août 2004
3 commentaire(s)
1. Par samy (16 février 2005) :
C'est bien jusqu'au dernier paragraphe, où l'on bascule dans le cliché le plus éculé, le plus européocentré, le plus vulgairement franchouillard, même, et c'est vraiment dommage. J'imagine que cela se voulait humoristique. C'est raté. A part vexer gratuitement et injustement les Tunisiens qui avaient lu jusque-là avec sympathie ce morceau de dérision de notre presse nationale, je ne vois pas ce que cela apporte. De l'eau au moulin du régime, peut-être ?
2. Par thbz (16 février 2005) :
J'ai dû écrire cela de manière bien maladroite. Je ne voulais pas vexer les Tunisiens.
Je voulais juste indiquer que la Tunisie ne fait jamais la une des journaux et que les Européens, c'est un fait, ne s'intéressent guère à ce qui s'y passe (les médias s'intéressent aux guerres et aux révolutions, et il n'y a rien de tout cela en Tunisie). Les rédacteurs de ce journal donnent une image illusoire de la visibilité internationale de leur pays.
On pourrait d'ailleurs dire la même chose sur mes compatriotes lorsqu'ils croient à une influence de la France dans le monde...
3. Par Om Khmir (03 septembre 2005) :
je suis d'accord avec l'article publié par thbz, j'ajoute que la presse tunisienne est lisse, comme le dos d'ané, on trouve les mêmes photos, les mêmes commentaires avec les mêmes photos de cul à la fin de chaque journal. Nous avons beaucoup à apprendre de nos voisins , qui malgré leurs situations économique et sociale,font du journalisme d'investigation. La presse tunisenne a bcp à apprendre, elle n'est pas encore adulte, pour preuve elle n'est jamais cité comme référence dans la presse mondiale, cela me touche et me laisse pantoise. Ce n'est pas au président Tunisien qu'il faut se retourner mais aux pseudo journalistes, type lèche bottes pour des petits privilèges à 4 sous, qui ne disent jamais pourquoi construisent on que des stades de foot ? Je m'inquiète quand je vois que mon pays n'a jamais construit un nouveau théatre, une grande bibliothèque digne de ce nom, un musée national, ni des salles de cinémas dans les petites villes éloignées? La culture n'a jamais était la priorité de notre politique,on préfere la lutargie à la place du savoir. Dans mon pays que j'aime la connaissance dérange, l'échange et l'esprit critique étaient enterrés deux fois, le 20 mars 1956 et le 7 nov 1987. On ne mérite pas cela. Nous sommes un pays avec son riche patrimoine, sa culture, son histoire et ses hommes. Libérer la parole, la tunisie s'en souviendra.