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24 décembre 2012 - Arts, architecture... - ItaliePérouse, la ville superposée : les murailles
On pourrait présenter Pérouse à partir de ses principaux monuments :
- le Palazzo dei Priori :
- la cathédrale, impossible à photographier :
- la petite église Sant' Angelo, site intemporel :
- le Borgo 20 Giugno, spectaculaire au coucher du soleil :
Ce n'est pourtant pas ces monuments que l'on découvre lorsqu'on arrive à Pérouse. Les sites les plus fréquentés ne s'atteignent qu'après avoir traversé ceci.
On comprend ainsi, dès les premiers pas à Pérouse, qu'il y a dans cette ville quelque chose de plus qu'une collection de monuments.
La promenade n'est pas un simple parcours le long d'artères conçues pour l'automobile ou pour le commerce, mais une exploration à travers des passages, sous des porches, le long d'escaliers tortueux. La ville devient un réseau, parfois presque souterrain, et le promeneur trouve un plaisir d'enfant à passer non pas sur des rues, mais à travers le bâti, transgressant les règles habituelles du déplacement dans la ville.
Et parfois il sort de terre et considère, avant d'y pénétrer à nouveau, cette accumulation invraisemblable de bâtiments sur des pentes presque inaccessibles.
Aucun pastiche moderne ne saurait rendre ce sentiment de densité et reproduire l'irrégularité des rues, le hasard des bâtiments et de l'histoire.
C'est après deux ou trois semaines sur place seulement, l'été dernier, que j'ai commencé à comprendre que cette épaisseur de la ville, qui plusieurs fois m’a fait revenir à Pérouse depuis mon premier séjour au printemps de 1998, provenait sans doute d'une particularité de cette ville qui est la mémoire des siècles : les destructions ont été nombreuses mais n'ont jamais été complètes, chaque époque a laissé ses traces dans les murailles, les maisons, les rues au point de constituer une série de couches successives.
Ces couches concernent la forme générale de la ville comme les plus petits détails des bâtiments. Depuis plus de deux mille ans, Pérouse se reconstruit sur Pérouse. Et parfois même, on le verra, en-dessous.
Les murailles du Moyen Âge ont été dressées sur des murs étrusques, puis des maisons ont été construites sur ces murailles, la forteresse du pape sur les maisons du Moyen Âge et de la Renaissance, enfin le palais de la Région sur les fondements de la forteresse du pape.
Les murailles
On dit que Pérouse est entourée de murailles ; un musée décrit en effet les enceintes étrusques, médiévales, qui ont accompagné le passage des civilisations.
Ailleurs, les anciennes murailles, dépassées par la croissance de la ville, sont détruites ou conservées sans réelle utilité. À Paris, on montre, dans une rue, voire au fond d'un parking souterrain, des pans de mur qui datent de Philippe-Auguste ou de Charles V. À Bayonne, on se gare le long des forteresses de Vauban (ce formidable effort de construction du Grand Siècle qui, au fond, n'a servi à rien) ou on y fait la fête.
À Pérouse, les pierres étrusques ont servi de fondement aux murailles du Moyen Âge, elles-même intégrées dans les bâtiments ultérieurs et parfois surmontées d'habitations.
Il n'y a donc pas de boulevard à Pérouse, sauf à l'extrémité sud en direction de la gare. Les murailles ont été reprises dans la ville actuelle et, pour cette raison même, restent quasiment inaperçues du promeneur non attentif.
Sur cette porte, les réaménagements successifs ont fait perdre sa signification à ce « S », qui faisait probablement partie d'une inscription « AUGUSTA PERUSIA » datant de l'époque romaine :
Reconstruire la ville sur la ville, c'est un lieu commun de l'urbanisme : cela veut dire qu'on détruit un bâtiment ou un quartier pour le refaire au même endroit, avec des améliorations, le chauffage central, un label « basse consommation », ou sans les pauvres.
Certains éléments résistent : à Paris, de nombreuses caves datent du Moyen-Âge et le tracé des rues remonte parfois à l'époque antique, alors que tout ce qui dépasse de terre a été reconstruit au cours des siècles. Plus le temps passe, plus on conserve tout en détruisant : on va même, dans le centre des villes, jusqu'à mettre à bas un bâtiment tout en conservant sa façade — alors qu'on fait exactement l'inverse dans les tours de la Défense.
À Pérouse, la ville a été construite sur la ville dans le sens le plus littéral. Ceci est l’histoire invraisemblable de la Rocca Paolina.
À suivre : La Rocca Paolina.
Publié par thbz le 24 décembre 2012
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