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20 mars 2020 - 13e arrondissement

Confinement, jour 4 - vendredi

Aujourd'hui est un jour de sortie. Après trois jours de travail à distance, par ordinateur et messagerie, je me rends à mon lieu de travail.

Confinement, jour 4, mais printemps, jour 1 : c'est une parfaite promenade dans un Paris confiné.

La situation est tellement extraordinaire que ce qui n'a pas changé paraît étrange. Les peintures murales animent toujours les façades du treizième arrondissement. Les graffitis militants témoignent d'une époque où le débat public et les discussions privées ne se limitaient pas à discuter sans fin d'un virus.

Les gens qui se croisent s'écartent comme s'ils avaient la peste – car ils l'ont peut-être. Quelques badauds traînent illégalement sur des bancs. Deux passants bavardent quelques instants sans respecter exactement la distance règlementaire d'un mètre. Une famille de clochards vit comme d'habitude, dans des tentes sur un coin de trottoir. Dans les jardins de l'Observatoire, dont il est facile d'enjamber la barrière, deux adolescents jouent au ping-pong, indifférents aux reproches d'une mère de famille qui passe dans la rue avec son bébé.

On ne remarque ces personnes que parce qu'elles se comportent normalement, et que la normalité est désormais illégale. La quasi-totalité des Parisiens respecte les règles et les rues sont à peu près vides.

Le boulevard Auguste-Blanqui, sauf du côté du marché qui semble bien achalandé, est vide.

Le boulevard de Port-Royal est vide.


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Le boulevard Saint-Michel est vide.


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Et le soir en repartant, le quartier de l'Odéon, dont les terrasses sont pleines mêmes en plein hiver, est vide.


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Seule la pub Shiva, avec ses femmes et homme de ménages si heureux de faire leur travail, nous montre encore comment on pouvait se comporter il y a dix jours.

Tout ceci ressemble à un rêve dont on va se réveiller, c'est sûr, d'un instant à l'autre.

Publié par thbz le 20 mars 2020

Textes et photos (sauf mention contraire) : Thierry Bézecourt - Mentions légales