« Inwood Hill Park | Accueil | »

19 janvier 2004 - New York 2002 - Tours

Le trou du World Trade Center

Autres notes sur ce voyage à New York

Le World Trade Center a été détruit en septembre 2001 par des terroristes. Ils ont détourné des avions de ligne et les ont projetés contre les deux tours, qui se sont effondrées quelques dizaines de minutes plus tard.

Raconter ainsi la chute du World Trade Center produit un effet étrange : les faits sont tellement connus qu'un récit objectif est inutile. Il faut l'aborder avec un autre point de vue. Comme par exemple : le World Trade Center à New York, aujourd'hui, ça ressemble à quoi ?

C'est d'abord un grand trou. Ce trou s'appelle Ground Zero. Ground Zero ressemble à un terrain vague comme on en voit dans tous les chantiers du monde : une vaste surface de terre accidentée, quelques machines, des morceaux de ferraille, une palissade qui en fait le tour. La seule différence, c'est que ce terrain vague n'est pas la promesse d'un nouvel immeuble ; c'est l'empreinte d'une destruction.

Sobres pour une fois, les autorités américaines ont planté quelques drapeaux ça et là, ainsi qu'une croix faite de poutres métalliques prélevées, on le suppose, sur le site. Les visiteurs, à la fois touristes et pélerins, se pressent autour des barricades pour voir l'endroit où « ça » s'est passé.

Sur les côtés, les immeubles environnants portent les cicatrices du choc. Certains sont toujours fermés. Des câbles longs de deux cents mètres les retiennent au sol, comme pour les empêcher de se disloquer.

Au coin de la place, une petite chapelle et son vieux cimetière, anachroniques dans ce quartier de gratte-ciels, sont devenus un mémorial. Les New-Yorkais ont recouvert les grilles de messages, de photos, de souvenirs souvent collés sur des vêtements. Comme les admirateurs de Lady Di au pont de l'Alma, face à une catastrophe imprévisible, ils ont élaboré des rituels inédits pour exprimer leur peine et rendre hommage à leurs morts.

Le trou du World Trade Center, c'est aussi les traces qu'il laisse dans New York : les photos du site qui ressassent l'image des tours avant, pendant et après leur chute ; les tee-shirts qui s'écrient « J'♥ NY plus que jamais » ; la boutique de SoHo, toujours pleine de clients, qui ne vend que des documents relatifs au 11 septembre. Ce sont aussi les librairies de New York qui, toutes, consacrent un ou plusieurs présentoirs à l'événement. Des albums de photos rappellent l'histoire des deux tours. Des livres de grand format conservent la mémoire des victimes, avec leur nom, leur biographie et leur image. D'autres ouvrages mettent en vedette les pompiers, héros choisis par l'Amérique. Des visages mâles sourient sous des casques luisants. Ils sont morts pour leur travail et pour les New-Yorkais, comme ils auraient pu mourir dans un incendie banal sur la 9ème avenue ; mais, parce qu'il s'agissait d'un acte terroriste, ils sont devenus des combattants de la liberté morts pour l'Amérique et donc pour l'humanité. « Pompier » est devenu un synonyme de « héros » dans la langue américaine d'aujourd'hui.

New York est une très grande ville et ce trou, si grand soit-il, ne suffit pas à la déséquilibrer. Ground Zero est d'ores et déjà entré dans le paysage et dans l'histoire de New York comme une facette supplémentaire de la ville, pas comme un bouleversement absolu. Dès qu'on a passé le coin de la rue, l'animation de Broadway reprend le dessus, Wall Street s'active comme avant, les marchands de rues encombrent les trottoirs de SoHo, le quartier chinois continue à empiéter sur le quartier italien, les touristes se pressent à l'entrée de l'Empire State Building, les publicités illuminent Times Square et les vélos sillonnent les allées de Central Park. La ligne d'horizon n'a pas été détruite par la disparition du World Trade Center, elle a simplement été modifiée. Elle a absorbé son absence comme elle absorbera, un jour, son retour.

Autres notes sur ce voyage à New York

Publié par thbz le 19 janvier 2004

2 commentaire(s)

1. Par klio  (06 décembre 2005) :

ravie de voyager par tes mots un rythme une élégance une structure et une poètique mèlée
de quelle couleur est ce regard?

2. Par fiona  (11 avril 2007) :

waou rien d'autre à dire que waou tu ecris trés bien !! méme mieu mais je ne saurais le dire alor je me tait

Publier un commentaire :




Se souvenir de moi ?


Textes et photos (sauf mention contraire) : Thierry Bézecourt - Mentions légales