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19 janvier 2004 - New York 2002Washington D.C.
Autres notes sur ce voyage à New York
Washingon est une ville facile à visiter. Depuis la gare on arrive rapidement à l'extrémité du National Mall, une esplanade aussi vaste qu'une ville sur laquelle sont installés les grandes institutions politiques et les mémoriaux consacrés aux grandes figures américaines.
Ces édifices ne sont pas disposés au hasard sur le Mall, comme un premier regard pourrait le laisser croire. Sous le désordre apparent d'une partie de campagne de géants, un ordonnancement subtil assure en réalité une célébration de l'histoire politique des États-Unis. Et c'est du grand spectacle.
La Maison Blanche, le Capitole et les mémoriaux des quatre plus grands présidents sont concentrés sur un espace où ils n'ont aucune concurrence à craindre. Même le ciel est à eux : chose unique aux États-Unis, pas un seul gratte-ciel ne trouble la ligne d'horizon.
Au centre de la vallée se dresse un obélisque gigantesque dédié à George Washington, fondateur de la Nation, grand chef militaire, premier Président. C'est à juste titre qu'il occupe cette place dans une capitale qui porte son nom : les États-Unis reposent encore aujourd'hui sur son œuvre. De cet endroit on aperçoit à la fois le Capitole et la Maison Blanche, c'est-à-dire les deux endroits où se prennent les décisions politiques les plus importantes du monde. À New York le pouvoir économique, à Washington le pouvoir politique.
Derrière Washington, en contrebas, c'est Lincoln, le second fondateur de la Nation. Il a cimenté l'Union en empêchant les États du Sud d'utiliser leur droit théorique à l'indépendance. Un peu à l'écart, l'intellectuel Thomas Jefferson semble méditer au bord d'un lac ; enfin, au milieu des arbres, un mémorial en plein air présente Roosevelt comme un sage.
National Mall, Washington D.C. Les noms des présidents correspondent à l'emplacement de leurs mémoriaux. |
Pris individuellement, ces bâtiments ne sont pas très intéressants. Le siège de la Cour Suprême est une sorte de temple grec. Le dôme du Capitole rappelle des bâtiments semblables que l'on trouve dans toutes les grandes capitales européennes. L'obélisque de Washington obéit à la loi du « plus grand, plus haut, plus fort ». Seule la Bibliothèque du Congrès offre, derrière une banale façade néo-Renaissance, une décoration intérieure vivante : motifs orientaux dans la crypte, voûtes couvertes de peintures et de mosaïques aux couleurs chaudes dans les étages.
Ce qui leur donne de la valeur, c'est leur agencement en un même lieu, avec un sens de la perspective et de la ligne droite repris des grandes compositions urbaines françaises par l'ingénieur Pierre Charles L'Enfant, qui a dessiné les plans de la ville. Washington va même plus loin que Paris dans la mise en valeur des bâtiments avec des plans d'eau qui reflètent l'image du Capitole, du Monument de Washington et du Mémorial de Lincoln. La seule imperfection du système est la relative insignifiance de la Maison Blanche, cachée par des arbres et dominée par les bâtiments voisins.
La disposition des bâtiments fait de la visite du National Mall un pélerinage. Les longues distances qui séparent les édifices obligent à consacrer une journée entière à la visite. Le marcheur a tout le temps de méditer sur la signification de chaque bâtiment. L'architecture des mémoriaux, isolés au milieu d'une nature reconstituée, est empreinte de spiritualité. Le Monument de Washington est un obélisque égyptien démesuré. Celui de Lincoln ressemble à un temple grec. Le Mémorial de Jefferson, circulaire, reprend la voûte du Panthéon, tandis que Roosevelt est honoré par des pierres levées qui font penser à Stonehenge et à Carnac. Dans chacun d'entre eux, les paroles du Grand Homme sont inscrites en lettres gigantesques, comme celles du Christ à Saint-Pierre de Rome. Peut-être controversés en leur temps, ces mots sont aujourd'hui sacrés.
Un peu fatigué, le visiteur, à la tombée de la nuit, s'éloigne du National Mall et traverse un morceau du reste de la ville. Les avenues s'y succèdent dans un quadrillage anonyme, à peine animées par un quartier chinois bien terne. Rien, ici encore, pour chasser de l'esprit le souvenir du National Mall et sa grandiose mise en scène de la foi américaine. Non pas la foi en Dieu, mais la foi en un système politique et la foi en une Constitution qu'une exceptionnelle stabilité a transformée en Tables de la Loi du nouveau peuple élu.
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Publié par thbz le 19 janvier 2004
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