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12 mai 2009 - Asie

Seuils de Kyoto

À Tokyo au mois de mai 2000, le touriste que j'étais se promenait pour la première fois de sa vie dans une ville non européenne.

Un jour ce touriste a traversé par hasard, entre deux quartiers animés, une zone résidentielle. Il y a vu des façades constituées de panneaux, balcons, fenêtres et portes, en bois, en métal, en béton, qui ne présentaient pas d'harmonie particulière à ses yeux : aucune unité ne rapprochait les matériaux, les formes, les textures de ces éléments, aucun « style » ne s'en dégageait.

Ces façades étaient illisibles.

Le touriste crut y déceler une certaine indifférence à l'égard de la partie de la maison qui appartient à l'espace public ; pénétré des films d'Ozu, il pensa que l'espace intérieur, ou vu de l'intérieur, primait sur l'aspect extérieur.

Neuf ans plus tard, à Kyoto, les maisons étaient toujours aussi basses, même à proximité du centre ville.

Les façades présentaient la même diversité, les maisons ne recherchaient toujours ni alignement, ni unité de matériaux, ni parenté de style. Pourtant, soit que son œil se soit affiné, soit que les deux villes soient effectivement différentes, le touriste n'y voyait plus une négligence dans le traitement des façades. Il croyait plutôt y déceler un attachement à une autre esthétique que celle de l'avenue haussmanienne, qui cherche à construire un paysage urbain monumental, ou du quartier résidentiel français dont les maisons s'ornent de pierre claire et de larges baies vitrées.

A Kyoto le touriste a découvert le raffinement discret des seuils de maisons japonaises.

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Les maisons, à Kyoto, donnent rarement sur la rue directement. Presque toujours un petit espace est aménagé entre le trottoir et la porte d'entrée. Toujours différents d'une maison à l'autre, ces quelques morceaux de mètres carrés peuvent former un petit jardin de pierre, accrocher à la façade une tenture ou un rideau de bois, jouer sur les formes, faire croître un arbre ou un arbuste lorsque la place le permet. Les couleurs sont discrètes, mais les nuances varient.

L'architecture européenne ne mélange pas à ce point les matériaux.

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Le style peut être occidental, japonais, moderne, mélangé.

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On peut passer devant ces maisons sans y prêter attention. Le goût est toujours discret.

À Kyoto en 2009 comme à Tokyo en 2000, les façades ne semblent pas ouvrir l'habitation sur la rue : personne ne se penche aux fenêtres ou ne s'assied sur le balcon. Y'a-t-il seulement des balcons ? Ces morceaux de façade vitrés sont-ils des fenêtres ? C'est peut-être ce qui, à Tokyo, avait le plus désorienté le touriste qui ne retrouvait pas la typologie des éléments de façade qu'il connaissait en Europe, c'est à dire un fond homogène de brique ou de béton, à la rigueur de bois ou de torchis, sur lequel se détachent une porte, des fenêtres, des ornements, un avant-toit.

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Il y a aussi, de temps en temps, une maison tout simplement banale.

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Dans un quartier du centre-ville, tout de même, les architectes se sont un peu plus amusés.

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Publié par thbz le 12 mai 2009

4 commentaire(s)

1. Par S.  (14 mai 2009) :

Une diversité de formes, de couleurs et de matériaux. Je remarque un retour vers les matériaux traditionnels (comme le bambou ou le bois) est-ce qu'il s'agit d'une nostalgie ou ces matériaux ont toujours fait partie de cette architecture? A voir!

Une autre spécificité très ancrée dans la culture asiatique, les balcons fermés, les loggias protégés et les espaces restés très intimistes.

Par contre les quelques immeubles que tu montres, à chacun un style différent et un langage différent mais tous possèdent un petit trait (entre futurisme et formes osées)qui fait la spécificité de l'architecture asiatique tant jalousée par ailleurs. :-)

2. Par Sylvie N.  (21 mai 2009) :

Très intéressant votre reportage sur Kyoto, et notamment ces deux photos de maisons dont les façades, chacune dans leur style, ont des allures de kimonos...J'ai eu l'occasion d'aller à Kyoto, et je retrouve bien, à travers votre reportage, l'atmosphère si particulière de cette ville.

3. Par thbz  (21 mai 2009) :

Kimono ? Vous pensez peut-être aux photos n° 8 et 25 ? Il y a quelque chose, en effet.

Il est certain que les Japonais ont un goût particulier pour les tentures et tissus en tous genres. Les boutiques de bibelot en sont remplies.

4. Par Sylvie N.  (22 mai 2009) :

Oui,les photos 8 et 25. Cela m'a sauté aux yeux...

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