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21 septembre 2014 - CoréeSeonyu-do, ou que faire avec une station d'épuration ?
Lorsqu'un site industriel désaffecté est reconverti en parc, peut-on parler de gentrification ?
Lorsque des personnes aisées viennent habiter un quartier de ruelles et vieilles maisons habitées par des ouvriers ou artisans, c'est le « charme » du quartier qui les attire : elles essaient de le préserver tout en rénovant les logements. À terme, le quartier devient en fait bourgeois, « gentrifié », et ne conserve du passé que certains signes.
Une fiche industrielle transformée en parc ne conduit certes pas à une transformation sociologique du lieu, quoique la mutation peut rendre les quartiers environnants plus attractifs. Mais les pouvoirs publics cherchent de plus en plus à préserver au moins le souvenir de la fonction industrielle : ils réutiliseront donc certains bâtiments ou infrastructures tout en les transformant. De même que les bobos métamorphosent les hangars insalubres en lofts lumineux dans les quartiers en cours de gentrification, les vestiges industriels intégrés dans un parc sont nettoyés et débarrassés de tout danger potentiel.
L'île Seonyu (Seonyu-do), à Séoul, est un exemple particulièrement réussi de site industriel reconverti (« recyclé », disent les sites officiels) en parc.
Agréable lieu de promenade dans les temps anciens, Seonyu-do, comme le reste du pays, a été mis au service du développement économique dans les années 1960. Enjambée par une voie express dès 1965, l'île a été occupée à partir de 1978 par une vaste usine d'épuration des eaux.
L'usine est fermée en 2000 et, deux ans plus tard, ouvre le parc de Seonyu-do sur une superficie de 11 hectares.
Les fonctions anciennes de la station d'épuration ne sont pas seulement rappelées par le musée construit à l'entrée et par les panneaux d'information disséminés à travers le parc : les principales infrastructures ont été conservées et constituent l'ossature même de celui-ci. Elles deviennent des signes, mais ne se réduisent pas à cela : leur fonction ancienne (épuration des eaux) a été remplacée par une fonction nouvelle (parc public).
Le parc, comme plusieurs parcs modernes parisiens (la Villette, jardin Atlantique...), est divisé en petits jardins thématiques, alternant grandes perspectives et coins reculés. Il utilise pour cela les bassins et galeries de l'ancienne usine d'épuration des eaux.
Des bassins de décantation sont transformés en un jardin botanique aquatique.
Plus loin, le « jardin du temps » peut être parcouru soit au niveau du sol, soit en empruntant les anciennes galeries de circulation surélevées.
Alors que, dans le parc de Bercy, de simples rails rappellent l'utilisation ancienne du site, le « recyclage » des infrastructures est ici beaucoup plus systématique.
Des cuves sont harmonieusement intégrés dans le parc.
Dans un ancien bassin circulaire, des gros tubes sont transformés en toboggan et couloir d'exploration pour les enfants...
... tandis qu'un autre bassin circulaire devient un théâtre de plein air...
... et qu'une ancienne machine est exposée comme une pièce de musée.
L'extrémité de l'île, inaccessible, constitue sans doute une réserve biologique.
Enfin une chose qu'on n'imaginerait pas en France : un piano installé dans un espace public ouvert 24 heures sur 24 et non surveillé. Et il fonctionne.
Seon-yu est située dans la partie ouest de Séoul, à proximité du quartier d'affaires de Yeoui-do, qui lui-même a remplacé un ancien aéroport.
Publié par thbz le 21 septembre 2014
1 commentaire(s)
1. Par Détails (23 septembre 2014) :
C'est un travail délicat et de fond malgré le fait qu'il ne soit pas visible. La dépollution du sol et sa préparation est une étude à part, le reste n'étant que la mise en place de quelques originales idées.
J'aime bien le concept qui garde la mémoire du lieu en le rendant accessible à tous.