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3 janvier 2007 - Paris

Les vitraux de Romainville

Les vitraux de Romainville : la formule sonne comme du Proust. Romainville, c'est une petite ville de la banlieue parisienne. Les Parisiens connaissent surtout le fort de Romainville, dont le sommet domine l'horizon vers l'est :

En réalité, le fort de Romainville est situé sur la commune des Lilas, sans doute afin de tromper l'ennemi. De même, le fort de Vanves est à Malakoff, le fort de Montrouge à Arcueil et le fort de Charenton à Maisons-Alfort. À Fontenay-sous-Bois on trouve le fort de Nogent et à Fontenay-aux-Roses le fort de Châtillon. La commune de Romainville abrite pourtant bien un fort : celui de Noisy.

Ces forts ont été construits à l'époque de Louis-Philippe pour protéger Paris des ennemis éventuels. Un site web vraiment sérieux explique qu'Adolphe Thiers a donné à chaque construction le nom de la commune qu'elle était destinée à défendre.

Au centre de Romainville, la mairie et l'église occupent deux côtés d'une petite place. Sur les autres côtés, quelques cafés, un ou deux restaurants. Impossible, toutefois, d'y manger quoi que ce soit un dimanche 31 décembre à midi.

Derrière l'église, la vue glisse sur le cimetière et plonge dans une vaste perspective sur la banlieue est.

À l'intérieur de l'église, un prospectus fait la liste des objets dignes d'attirer l'attention du visiteur : la dalle funéraire de la marquise de Ségur, un crucifix, quelques statues, les stalles. Quatre cloches donnent les notes suivantes : do, ré, mi, fa. L'église est consacrée à saint Germain l'Auxerrois, qui fut un bien grand homme. Le prospectus ne mentionne pas les vitraux.

Si le prospectus n'en parle pas, c'est qu'il ne s'agit probablement pas d'œuvres d'art. Il faut dire qu'ils n'ont rien pour eux : modernes et pourtant figuratifs, très faciles à comprendre, assez naïfs même, signés d'un certain Guével domicilié à Noisy-le-Sec, ils ne remplissent pas les critères en fonction desquels le connaisseur moderne attribue à un ouvrage la qualification d'artistique.

Je ne suis pas un spécialiste : c'est sans doute pour cela que j'ai passé tout mon temps devant ces vitraux au lieu d'admirer en priorité la statue de la Sainte Vierge, « pièce maîtresse de cette église », en pierre polychrome du XVIème siècle (avec l'anecdote : alors qu'on croyait depuis longtemps que cette statue représentait sainte Geneviève, un spécialiste a démontré en 1978, à l'occasion d'une restauration, que... non, ce n'est pas très intéressant).

Ils ont pourtant bien un style, ces vitraux. Des ovales doux pour les êtres vivants, des trapèzes et des quadrilatères pour la nature. La courbe des moutons répond à celle du chemin. Le recueillement de la bergère au premier plan s'oppose à la silhouette du laboureur en plein effort au fond du champ. Le soleil se couche à l'horizon.

Les scènes représentées décrivent la vie quotidienne ou la pratique religieuse, avec familiarité et respect.

Ces vitraux sont répertoriés dans les bases de données du ministère de la Culture. On peut consulter le dossier au service régional de l'inventaire d'Île-de-France, 98 rue de Charonne à Paris. On y apprend que c'est un paroissien qui les a fait réaliser en 1950.

Publié par thbz le 03 janvier 2007

2 commentaire(s)

1. Par COUCOU  (04 janvier 2007) :

Dans la série des forts du début de l'article, mais à l'Ouest de Paris, il y a aussi le "fort de Saint-Cyr" sur la commune de Saint-Quentin-en-Yvelines.

2. Par thbz  (04 janvier 2007) :

Ah oui, en effet. C'est au fort de Saint-Cyr que sont conservées les archives photographiques nationales. Elles sont d'ailleurs disponibles en ligne sur le très riche site http://www.mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr .

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