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11 septembre 2008 - Arts, architecture... - Italie

Villes verticales de Sicile

Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c’était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous...

Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.

Céline, l'arrivée à New York dans le Voyage au bout de la nuit

La photo ne représente pas New York mais Raguse, en Sicile. Toutes deux se présentent d'un seul coup, dans leur ensemble, de toute leur hauteur, au voyageur fatigué qui les atteint enfin. À Raguse, c'est depuis la via Risorgimento, qui serpente sur la colline d'en face, à la même hauteur, que l'on découvre peu à peu le manteau de maisons qui recouvre les plis et les replis, les courbes et les étirements de l'éperon rocheux sur lequel la ville a été construite. Au cœur d'une île où l'art majeur est la mosaïque et non la peinture, les maisons sont les carreaux d'une œuvre gigantesque. Rues, places, carrefours restent invisibles.

Aucune photographie ne peut faire partager cette vision qui se déploie au fur et à mesure que l'on avance sur la route. Ce panoramique mal fait n'en présente qu'une partie réduite.

Raguse n'est pas isolée. La Sicile a créé de nombreuses autres falaises urbaines. Ainsi à Enna, à Modica, à Piazza Armerina :

Souvent ces villes sont composées de deux parties, l'une ancienne, l'autre récente, reconstruite après le tremblement de terre de 1693. Les deux centres sont alors reliés par un escalier. Celui de Raguse passe là où il peut entre les maisons, celui de Modica se pare de magnifiques massifs floraux. Le plus monumental, le plus effrayant à cause de sa régularité absolue et de l'absence de palier est toutefois le grand escalier de Caltagirone, unique par les céramiques qui ornent chacune de ses marches :

Et pour une autre vision verticale de ville, celle de Paris dans le 13e arrondissement :


Publié par thbz le 11 septembre 2008

1 commentaire(s)

1. Par S.  (13 septembre 2008) :

A New-York ce sont des grattes ciel, surgis de nulle part, construits par l'homme et pour l'homme alors que là il s'agit aussi de constructions mais sur un "fond" déjà construit et taillé par la "reine nature". L'homme n'a fait que profiter de ces talus, arranger et à force s'y habituer pour pouvoir continuer.
J'ai connu aussi plusieurs villes, ailleurs dans le monde, les voir de loin comme ceci "debout" c'est une chose mais prendre le temps de s'y balader parcourir les ruelles, monter ou descendre, suivre cette architecture anarchique mais tellement bien ficelée dans l'ensemble et qui réserve de belles surprises c'est un plaisir et une découverte en soi, non?

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