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28 novembre 2010 - Cinéma

Outrage (Takeshi Kitano, 2010)

Outrage est un film de yakuza. Plusieurs clans de gangsters rivalisent au sein de la même organisation mafieuse. Le schéma est connu, les détails aussi (tatouages, doigts coupés, sauna, pseudo-code d'honneur...). Kitano raconte et filme l'histoire sans baisse de tension, suivant le parcours en spirale de la violence depuis un point de départ insignifiant jusqu'au déchaînement des ambitions.

Un peu comme Match Point et d'autres films récents de Woody Allen, Outrage démontre la capacité de l'Auteur installé et reconnu à se mettre sur le tard à faire un film de genre, et à le faire fort bien.

Outrage vaut aussi pour certains décalages :
— son ironie, bien sûr — mais l'ironie fait aussi partie du genre, comme l'outrance ;
— ce plan sur les voitures noires des gangsters qui roulent sur la route à la queue leu leu, identiques et interchangeables pour montrer leur soumission à un chef commun (et deux voitures suivent un peu plus loi, marque de la disgrâce d'un clan) ;
— ce jardin japonais très vert et très traditionnel du chef mafioso, avec ses arbres taillés et ses étangs de sable impeccablement ratissés, contrepoint à la corruption des êtres ;
— la coiffure et la tenue du grand chef, calquées sur celles des dirigeants nord-coréens — et le lieutenant qui prend sa place à la fin adopte immédiatement la coiffure de Kim Jong-il.

Abstraction discrète de la mise en scène, rapidité de la narration, absence de mise en valeur de l'acteur-star Beat Takeshi, qui n'est guère qu'un chef de clan à égalité de traitement avec les autres ; la sécheresse du ton déshabille l'intrigue de toute ornementation pour l'offrir immédiatement à la jouissance du spectateur.

Publié par thbz le 28 novembre 2010

1 commentaire(s)

1. Par Kita-kiwi  (07 janvier 2011) :

Ce film m'a rappelé son video à la fondation cartier -titre "C'est le vrai japon" ?, sur le calligraphe humain. Comme si ce vidéo joue sur le décalage entre l'image spirituelle de l'art traditionnelle japonaise et le jeu humiliant sur le plateau, le film n'efface la description glamour sur Yakusa qu'en la nous évoquant.

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