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1 février 2015 - Asie

Inscriptions dans l'espace public au Vietnam

J'ai déjà consacré une note aux inscriptions dans l'espace public à Séoul. En voici quelques-unes vues au Vietnam, dans les régions de Hanoi (nord du pays), Hué et Hoi An (centre), ainsi que dans les campagnes environnantes aperçues depuis le bus ou le train.

Si les enseignes de boutiques et les publicités sont nombreuses au Vietnam comme ailleurs, c'est surtout les affiches de propagande qui intéressent le touriste — mais je n'avais guère envie, malgré leur indéniable attrait graphique, d'en acheter dans les nombreuses boutiques spécialisées du quartier touristique de Hanoi. Disposées sous forme de banderoles dans la rue, inscrites sur les murs des bâtiments ou alternant avec les panneaux publicitaires perchés au sommet de mâts élevés, elles attirent l'œil dans toutes les villes et jusque dans les campagnes, le long des grands axes.

Lorsqu'elles ne se limitent pas à un simple message, habituellement écrit dans le jaune et rouge du drapeau national, les affiches de propagande sont ornées de dessins au style caractéristique : lignes claires et couleurs vives pour représenter des travailleurs représentatifs de la société regardant avec confiance vers une direction qui semble être celle du futur, de la patrie ou du communisme, parfois sous le regard bienveillant de Hô Chi Minh.

Il peut s'agir de commémorer les grandes étapes de la construction du Vietnam communiste, d'encourager les citoyens à œuvrer toujours plus pour la réussite du pays ou, comme dans nos pays, de les inciter à adopter tel ou tel comportement (ne pas fumer, trier les déchets...).

Parfois aussi, le long de la route, des monuments semblent érigés à la gloire de la patrie ou du communisme et me rappellent ceux que j'ai vus en Bulgarie en juillet 1989 : une colonne, des personnages le bras levé...

Un traité de graphisme pourrait être consacré à la seule représentation de l'oncle Hô (appellation courante au Vietnam), omniprésent dans l'espace public : portant un enfant dans ses bras, inspirant le pays, protégeant de son aura les travailleurs... Parfois une simple silhouette en ombre chinoise suffit à reconnaître sa barbichette caractéristique. Affiches dans les rues, mais aussi couvertures de livres dans les librairies, et encore sur les billets de banque — tous les billets de banque —l'image de Hô Chi Minh est reproduite à l'infini, comme le logo sur les publications d'une entreprise.

Les affiches de propagande paraissent moins nombreuses dans les quartiers touristiques, où elles se réduisent à un simple message en vietnamien, incompréhensible pour le touriste — à moins qu'il ne prenne la peine d'entrer chaque mot dans un dictionnaire électronique.

Les éléments de traduction donnés ci-dessous doivent être pris avec précaution, car ma connaissance de la langue vietnamienne se limite aux noms des principaux plats servis dans les restaurants du 13e arrondissement de Paris. Je ferai donc confiance aux moteurs de recherche et sites de traduction qui, lorsqu'ils ne proposent pas de traduction précise, donnent au moins une idée des sujets évoqués dans le message.

1. De très nombreuses affiches et banderoles, en ce mois de janvier 2015, célèbrent le 85e anniversaire du parti communiste vietnamien (Đảng Cộng Sản Việt Nam), fondé par Hô Chi Minh à Hong Kong le 3 février 1930.

2. L'image de Hô Chi Minh apparaît sur tous les billets de banque, ce qui rend leur manipulation difficile pour les touristes, d'autant que les montants sont très élevés : on confond souvent les billets de 10 000 (40 centimes d'euro seulement) ou 50 000 dongs avec des billets de 100 000 ou 500 000.

Ces billets, comme dans d'autres pays d'Asie, peuvent servir d'offrande dans les temples, à côté de bâtonnets d'encens, fruits et biscuits en paquets. C'est ainsi que l'on retrouve l'effigie bienveillante de « Celui qui éclaire » (Hô Chi Minh) sur un autel de temple bouddhiste.


3. Le même jaune et rouge nationaux, complétés par un rose et un vert tout aussi vifs, évoquent la nouvelle année et les nouveaux succès qui l'accompagneront. Sans doute s'agit-il des succès du pays dont l'image montre des buildings en construction, arborant l'étoile du drapeau vietnamien. Cette construction est érigée au centre d'un grand carrefour du quartier français de Hanoï ; elle est peut-être temporaire, comme les banderoles « Chúc Mừng Năm Mới » (bonne année) que l'on voit partout dans la ville.

4. Je photographie ce banc en croyant y trouver soi une instruction d'utilisation, soit le nom d'un sponsor. En fait c'est simplement le nom du Musée national d'histoire qui y est inscrit ; nous sommes dans le parc de ce musée. Non, il n'y a pas de la propagande partout...

5. Les murs des écoles sont décorés de fresques sophistiquées aux couleurs vives.

6. Il est ici question de gens riches, de pays fort, d'équité, de démocratie et de civilisation ; mais j'ignore comment ces notions sont reliées sur cette inscription qui domine ce qui est, je crois, un « Palais de la culture et de l'amitié entre travailleurs vietnamo-soviétique », c'est à dire une salle de spectacle.

7. Hô Chi Minh souhaitait, paraît-il, que ses restes incinérés soient dispersés au-dessus de son pays. Mais on a embaumé son corps pour l'exposer dans un mausolée digne de ceux que les empereurs du siècle précédent se faisaient construire à Hué. Avec des messages forts :
- « Longue vie à la République socialiste du Viet-Nam ! »

- « Le Président Hô Chi Minh vit pour l'éternité... » (à peu près)

8. Quelque part entre Hanoï et la baie d'Along, un panneau planté dans un échangeur dit à peu près, si j'en crois un traducteur automatique, que « l'ensemble du Parti et le peuple recherchent l'économie, l'intégrité, l'esprit public en suivant l'exemple du génial Hô Chi Minh ».

9. À Hué, ancienne capitale impériale aux 19e et 20e siècles, cette élégante façade arbore les drapeaux communiste et vietnamien. L'inscription parle de sécurité publique et de personnes prêtes à sacrifier leur vie. S'agit-il de célébrer le dévouement des agents de la sécurité publique (công an) ?

10. Toujours à Hué, le long de la « rivière des Parfums », quelques publicités dominent les immeubles. Les publicités sont souvent très grandes mais bien moins visibles et moins lumineuses qu'en Corée.

11. À la sortie d'une petite rue du quartier touristique, cette banderole en hauteur parle de servir le peuple, d'avoir du cœur et d'être résolu, de trace rouge (?), de construire, de vie et de culture.

12. Entre Hué et Hoi An, un panneau parmi d'autres affirme l'appartenance au Vietnam des îles Paracels (Hoàng Sa) et Spratleys (Trường Sa), aussi revendiquées par la Chine. On trouve de la même manière, en Corée, de nombreuses affiches, inscriptions, voire maquettes, revendiquant l'appartenance à la Corée des rochers Liancourt (Dokdo pour les Coréens).

13. À Hoi An comme à Hanoi ou Hué, le centre historique, fréquenté uniquement par des touristes et des Vietnamiens qui travaillent pour le tourisme, présente peu ou pas du tout de slogans. À l'extrémité du centre historique, une grande arche qui donne peut-être accès à un bâtiment public comprend un message écrit, comme toujours, en caractères jaunes sur fond rouge et célébrant encore une fois le 85e anniversaire du Parti communiste vietnamien.

14. Le message est le même sur cette banderole traversant une rue :

15. Tout est dans cette belle pancarte plantée au bord d'un carrefour important de Hoi An : sous les symboles du parti communiste et de la nation, sept Vietnamiens de tous âges, sexes et professions présentent, comme dans une peinture religieuse, les attributs de leur fonction (la clé anglaise de l'ouvrier, la gerbe de foins de la paysanne, l'uniforme du soldat, le rouleau de papier de l'institutrice ou de l'employée de bureau, le bouquet de fleurs de la petite fille, la truelle et la plante en motte d'un vieillard qui ressemble un peu à Hô Chi Minh). Sur la gauche, une vue de Hoi An. Il est question dans le message du Parti, de l'administration, de la planification économique, de Hoi An et de l'année 2015, mais je ne saurai en dire plus.

16. Toujours dans une rue de Hoi An extérieure au quartier touristique, une apparition parmi tant d'autres de la faucille et du marteau communistes.

17. Ici il est question du Parti communiste vietnamien, des leaders, de la révolution vietnamienne :

18. À l'entrée d'un bâtiment qui accueille, je crois, une administration chargée de la conservation du patrimoine culturel, une banderole affirme la nécessité de préserver et promouvoir ce patrimoine.

19. Faucille et marteau, étoile vietnamienne et silhouette de Hô viennent à l'appui d'un nouveau message de promotion de la planification.

20. Toutes les images de propagande ne concernent pas la glorification du Parti et de la nation ou l'éducation politique et économique du peuple. Certaines affiches, comme en France et ailleurs, encouragent le peuple à améliorer son comportement dans des domaines tels que la santé, la nutrition ou l'environnement :

- « Dire non aux sacs en plastique » (ni lông est peut-être une transcription phonétique du mot « nylon ») :

- cette image est assez explicite pour que je puisse me dispenser de chercher la signification du message :

- la cigarette brisée (cachée par une branche d'arbre) permet semble-t-il d'assurer l'avenir de la petite fille. En gros caractère, le mot « không » (non), que l'on voit souvent sur les panneaux d'interdiction :

- « Non au tabagisme », pour la santé, pour la communauté...

21. Et pour finir sur une jolie image, voici un autre mur de cour d'école qui présente des enfants modèles sous une pyramide alimentaire :


Publié par thbz le 01 février 2015

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