« Retour dans la rue Férou | Accueil | »

10 décembre 2006 - Cinéma

Papillon meurtrier

Hier soir à la Cinémathèque : Papillon meurtrier (Salin nabylul jotnun Nyoja), film de Kim Ki-young, réalisateur coréen en cours de réhabilitation auprès des cinéphiles.

Papillon meurtrier, c'est :
- des jeunes gens qui courent dans un champ de fleur et attrapent des papillons en agitant un filet.
- des femmes qui tentent de commettre un double-suicide avec un homme qui ne leur est pas grand chose.
- une princesse qui renaît après deux mille ans, de quelques gouttes d'eau sur un tas d'ossements, et cherche un foie humain à dévorer.
- l'explosion urbanistique des faubourgs de Séoul en 1978 : les immeubles bordent des rues encore en chantier, des places au sol à peine labouré.
- une post-synchronisation bâclée.

- un budget ridicule, qui ne permet même pas d'effacer les ficelles qui soutiennent un faux papillon.
- un vieillard au rire sardonique qui affirme que sa volonté de vivre lui permet d'échapper à la mort ; lorsque son corps est brûlé vif sur un bûcher, c'est son squelette qui revient.
- des dialogues psychologiques répétitifs et convenus entre un père et sa fille qui vit cloîtrée.
- des jeunes post-soixante-huitards qui dansent autour d'un feu de camp sur le bord de la rivière Han, près d'un pont autoroutier.
- une accumulation de signes de mort, du début à la fin du film. Les personnages étudient les cadavres, collectionnent les dépouilles de papillons, tentent de se suicider. Ou au contraire résistent à la mort la plus certaine, ressuscitent, se réincarnent. Dans ce monde l'amour comme force de vie, bien entendu, ne peut pas réussir ; les femmes se tournent alors vers l'amour mortifère, celui qui tue les amants.

Papillon meurtrier est un film drôle, stupéfiant, parfois ennuyeux, qui mélange les genres : film de fantômes, film sur les jeunes qui se baladent en ville, drame psychologique pesant, enquête policière, comédie loufoque. Le vieillard survivant par sa volonté semble sortir de quelque mythologie. La surprise mérite le déplacement.

Ce matin, concert aux Billettes : l'orgue, instrument cathartique plus que tout autre, ne se contente pas de libérer l'âme des souvenirs pénibles, il permet de revivre avec une nouvelle intensité les moments de joie.

Publié par thbz le 10 décembre 2006

2 commentaire(s)

1. Par KA  (11 décembre 2006) :

Des liens sur Kim Ki-young par ici :
http://www.almodovar.fr/fr/espacecinephile/evenements/retro-kim-ki-young.html

2. Par thbz  (11 décembre 2006) :

Merci M.KA. On trouve tout en effet sur le site de la Cinémathèque. Je n'ai pas pris le temps de rajouter des liens, mais c'était un article un peu particulier...

Publier un commentaire :




Se souvenir de moi ?


Textes et photos (sauf mention contraire) : Thierry Bézecourt - Mentions légales