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novembre 20, 2006

20 novembre 2006 - Arts, architecture... - (lien permanent)

Stéphanie - mation

Peindre un tableau, c'est facile. Vous achetez une toile, des tubes de peinture et un pinceau. Tracez d'abord le contour du personnage sur la toile, puis appliquez la couleur. Laissez sécher un peu et c'est fini. N'oubliez pas de nettoyer vos pinceaux au White Spirit.

Non, ça ne se passe pas comme cela. Dans la peinture à l'huile traditionnelle, c'est un peu plus compliqué. Patricia Mignone raconte sur son blog Lumière incidente comment elle fait peu à peu sortir un personnage d'une toile. La toile de départ n'est d'ailleurs pas une toile : c'est une plaque de bois lamellé « couverte de plusieurs couches d'enduit composé de colle de peau de lapin, de blanc de Meudon, de blanc de zinc et d’huile de lin (sans sel) ». C'est déjà autre chose que de partir d'une simple feuille de papier Canson.

Au fil des jours et des semaines, le visage et le corps de « Stéphanie » apparaissent sur ce fond blanc. Non pas en une fois du haut vers le bas et de la gauche vers la droite, mais par applications successives de couches de couleurs superposées. Le blanc monte en bleu sur le pantalon, en vert grisâtre sur le visage.

Bref, cette histoire est toute une aventure au cours de laquelle la mystérieuse Stéphanie, tour à tour modèle du XVe siècle, nonne et jeune femme branchée, musulmane à la tête couverte d'un hijab, change de personnalité, absorbe la lumière, prend du volume au gré des couches successives. Où cela va-t-il donc nous mener ?

Publié par thbz at novembre 20, 2006 | Commentaires (3)


novembre 19, 2006

19 novembre 2006 - Arts, architecture... - Paris - (lien permanent)

Orgue aux Billettes

Tous les dimanches matin a lieu un concert d'orgue à l'église des Billettes, dans le Marais.

Les auditions des Billettes, comme à Saint-Sulpice après la messe, ne durent qu'une demie-heure. Trois ou quatre morceaux : au-delà, l'attention se disperserait. L'église est jolie, assez petite pour Paris, sobre, agréablement éclairée le matin par le soleil qui entre par l'abside. Il y fait souvent beau le dimanche matin.

L'église des Billettes est consacrée au culte luthérien. Elle est rattachée à l'église évangélique luthérienne de France, qui compte dix paroisses à Paris. L'orgue, lui, pratique le culte de Bach. L'organiste se permet parfois des infidélités vers d'autres auteurs, mais la plupart des concerts contiennent un ou deux chorals au début et un morceau brillant à la fin. Une toccata et fugue dans le genre d'Il était une fois l'homme, par exemple.

Les spectateurs sont plus rares que dans les concerts des grandes églises, annoncés gratuits et souvent bondés. Ceux qui comptent assister à l'office religieux vont dans la nef. Les autres se répartissent dans les deux niveaux de galeries.

Les spectateurs sont en majorité des hommes qui ne sont plus jeunes, ainsi que des femmes de tous âges.

Certains choisissent la meilleure place, tout en haut, près de l'orgue, contre la balustrade, et orientent leur chaise de manière à profiter au mieux de la musique. D'autres s'isolent au contraire au fond de la galerie. Un homme mal coiffé marque légèrement la mesure du bout de ses doigts. Un autre se plonge dans la lecture d'un petit livre tout en écoutant la musique. Des touristes entrent par hasard ; certains s'assiéent un moment.

Une femme s'installe sur une chaise et tient sa fille de deux ans sur ses genoux. La petite fille reste tranquille pendant la moitié du concert, regardant l'orgue et écoutant peut-être même la musique. Un jour, sans doute, elle détestera Bach. Peut-être y reviendra-t-elle encore plus tard.

Un vieux couple s'installe au deuxième niveau ; l'homme et la femme se ressemblent, on voit bien qu'ils vivent ensemble depuis quarante ans ; leur attitude exprime un sentiment de paix ; ou au contraire, ils ne se retrouvent que dans une passion commune pour la musique. Un homme plus jeune songe à la nuit qu'il vient de passer avec la femme qu'il courtisait depuis un mois.

Enfin, un jour, une jeune femme mal habillée se tient à côté de l'orgue. Sa robe ressemble à un sac et elle a emprunté un pull en patchwork à sa mère qui le portait dans les années 70. L'orgue joue depuis quelques minutes. Soudain elle ouvre la bouche. Elle tient dans ses mains la partition d'une cantate obscure du XVIIe siècle. Sa voix est parfaitement claire et elle chante comme si sa vie en dépendait.

De nombreuses églises proposent des concerts gratuits le dimanche. Saint-Eustache, la Madeleine, Notre-Dame de Paris, Saint-Sulpice et les églises de quartier organisent des concerts d'orgue, de piano, de violon, de trompette ou tout à la fois : en duo, en quatuor ou en formation de chambre. C'est gratuit à l'entrée, souvent gentiment payant à la sortie. Aller écouter de l'orgue le dimanche devient une habitude et un rite.

Publié par thbz at novembre 19, 2006 | Commentaires (6)


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