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mai 08, 2018
08 mai 2018 - Asie - (lien permanent)
Le contrôle des comportements dans le métro de Tokyo
J'ai déjà essayé de répertorier les inscriptions qui, dans l'espace public à Séoul, contrôlent les comportements des passants.
Dans le métro de Tokyo, les affiches sont encore plus nombreuses et détaillées. Elles sont en général présentées avec des images claires et attractives, comme on sait les produire au pays du manga, ou bien traduites en anglais de sorte que l'étranger ne peut faire semblant de les ignorer.
1. Éteindre le son du téléphone dans le métro.
2. Ne pas trop s'approcher du quai.
3. Comment faire la queue pour entrer dans le wagon lorsqu'un gros pilier occupe le quai (à gauche : la barrière de sécurité est fermée ; à droite elle est ouverte, ce qui signifie que le train est à quai).
4. Monter et descendre sans se bousculer.
5. Sécurité dans l'escalier roulant.
6. Ne pas se ruer dans le wagon.
7. Ne pas agresser le contrôleur (j'ai vu dans le bus à Séoul une inscription qui assimilait à du terrorisme un comportement agressif à l'égard du conducteur). En particulier, il ne faut pas lui donner de coup de tête, ni le tirer par la cravate, ni même lui jeter de la bière au visage.
8. Ne pas se pencher par-dessus la barrière de sécurité sur le quai (sur les lignes où elle est installée).
9. Faire la queue sur les bandes vertes pour laisser les passagers sortir sur la bande blanche.
10. Attention à ne pas tomber sur les quais (sur les lignes où une barrière de sécurité n'est pas installée).
11. Wagon réservé aux femmes aux heures de pointe.
12. Le danger du smartphone en marchant.
13. Ne pas porter son sac sur le dos à l'intérieur du wagon.
Et en dehors du métro, dans une exposition au musée Mori, des instructions très détaillées indiquent les rares endroits dans lesquels les photographies sont autorisées, ainsi que la licence à utiliser pour si on souhaite les publier :
Publié par thbz at mai 08, 2018 | Commentaires (2)
mai 01, 2018
01 mai 2018 - Corée - (lien permanent)
Destruct(urat)ion
J'ai vu tant de bâtiments et de quartiers détruits et reconstruits en Corée : je devrais être blasé. Et pourtant c'est avec un sentiment de perte que j'ai traversé ce quartier en rénovation, près de la station de métro Ehwa à Séoul. Autrement dit en plein centre de Séoul, quelque chose comme Censier-Daubenton à Paris. Je n'avais vu aucun signe avant-coureur : pas de panneau avec les mots 재개발 (redéveloppement), pas de drapeau rouge de protestation.
D'après Augustin Berque (Le geste et la cité, p. 148), les relations entre les personnes restent primordiales dans la cité japonaise. La modernité occidentale, en revanche, fait triompher la relation de l'homme aux choses. C'est pourquoi un urbanisme de tours et de barres, qui échoue en Occident, ne pose pas de difficulté aux Japonais. Sans doute faut-il dire la même chose des Coréens : l'immeuble n'est vu que pour sa fonctionnalité et les relations sociales ne sont pas affectées par la forme urbaine et architecturale. On pourrait donc modifier celle-ci à volonté, comme l'industriel modèle un objet, sans en éprouver de malaise particulier. Comme le dirait l'anonyme qui est peut-être Godard, en Corée, c’est le règne des techniciens.
Mais voilà, je reste un Européen, qui plus est un Français, et je garde ma capacité à être choqué par la rupture entre ce qui fut, ce qui est et ce qui sera.
Ce qui était à cet endroit, il y a trois ans à peine, c'était un lacis de rues tortueuses et d'escaliers irréguliers menant vers des maisons basses et ouvrant sur le vaste paysage de la ville et des montagnes, dans lequel je ressentais une sorte d'idéal un peu médiéval, presque un peu pérugin, fait de promenades et de découvertes, de joie du corps qui tourne, monte et descend, qui emporte le regard avec lui, s'inscrit dans la ville et se mesure à l'étroitesse des ruelles et aux maisons qu'il peut regarder de face :
Le plan ancien, avec sa curieuse rue en cercle qui suivait le pourtour de la butte, relié par des escaliers aux quartiers environnants, comme la butte Bergeyre à Paris, est toujours visible sur Google Maps, qui a du mal à suivre le rythme coréen :
Le portail coréen Naver, lui, indique d'ores et déjà ce qui sera, le futur plan du quartier (et en cliquant on verra le nombre d'appartements à vendre, leur superficie, leur prix), avec une douzaine de tours aux formes parfaitement régulières, un plan Voisin de plus dans la capitale de la Corée :
Pour voir comment on allait parvenir à construire ces tours sur un terrain aussi escarpé, je suis allé voir sur place et j'ai vu ce qui est.
Un Européen n'aurait pas osé : ils ont tout simplement enlevé la butte. Le relief est supprimé pour placer le grand ensemble au niveau de la station de métro. Un passage piéton, aménagé à travers le chantier, passant d'un quartier ancien à un autre quartier ancien, permet d'admirer le champ de bataille.
De la butte, qui se prolongeait vers un parc faisant partie de l'université voisine, il restera une falaise à laquelle le grand ensemble sera adossé. Les futurs habitants croiront peut-être que cette falaise est aussi naturelle que les nombreux rochers et aménagements paysagers qui agrémenteront le futur grand ensemble et ses abords. Ou bien, avec raison, ils ne se poseront pas la question.
Ici un exemple d'aménagement paysager tel qu'on le fait dans tous les ensembles de ce type aujourd'hui (ici à Prugio, Hapjeong) :
J'avais pris l'habitude, à Séoul, de considérer une ville qui dure moins longtemps que nous, qui se renouvelle en permanence. Mais je n'étais pas prêt à voir disparaître une colline, alors même que j'avais vu celle qui a été créée de toute pièces.
La vente vient de commencer : le prix des appartements les plus petits, pour 59 m2, est de 1 milliard de wons, soit 775 000 euros. On trouvera dans l'enceinte du complexe une piscine intérieure, un sauna, un golf intérieur et une salle de gym. Comment une colline pourrait-elle résister à de tels attraits ?
Publié par thbz at mai 01, 2018 | Commentaires (0)