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avril 27, 2007

27 avril 2007 - Paris - (lien permanent)

Paris : entrées / sorties

Paris est une machine qui consomme des matières premières et rejette des résidus. Or, comme le Centre Pompidou, Paris déploie ses entrailles à l'extérieur de son corps. Il faut franchir le périphérique pour trouver ses organes d'absorption et d'excrétion. Je suis donc sorti de Paris par la porte d'Ivry et j'ai remonté la Seine sur quelques kilomètres.

En sortie : déchets / usine d'incinération, Ivry-sur-Seine

Parmi les organes vitaux que Paris a installés en banlieue, celui-ci est l'un des plus visibles. Lorsque le vent le décide, ses deux cheminées renvoient à Paris, par-dessus le périphérique, la fumée de ses déchets.

En entrée : chaleur / usine de la CPCU, Ivry-sur-Seine

Les canalisations de la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain n'apparaissent dans la capitale que lorsque des travaux éventrent la chaussée. Huit sites de production alimentent un réseau de 435 kilomètres. Celui d'Ivry-sur-Seine fonctionne au fioul.

En entrée : eau potable / usine de traitement des eaux, Ivry-sur-Seine

La moitié de l'eau potable consommée à Paris provient des trois usines de traitement des eaux, le reste étant fourni par de l'eau de source. Ces usines sont opérées par Eaux de Paris (ex-SAGEP).

En entrée : électricité / centrale thermique EDF, Vitry-sur-Seine

La centrale thermique de Vitry est alimentée au charbon. Elle produit une puissance de 250 MW, soit environ le quart d'une tranche de centrale nucléaire.

En bordure de Seine, une étrange machine m'intrigue. Un passant m'explique finalement qu'elle sert, selon un mécanisme très spectaculaire selon lui, à transférer le charbon des péniches vers un énorme tuyau qui alimente la centrale.

Je rentre à Paris par l'intérieur des terres.

En entrée : eau non potable / réservoirs, Villejuif

Un joli bouquet de châteaux d'eau domine les hauteurs de Villejuif. À leur côté s'étend un réservoir qui alimente en eau non potable une grande partie des arrondissements de la rive gauche.

En entrée : denrées alimentaires / Rungis

Les hangars de Rungis, déserts un dimanche matin.

En entrée : eau potable / aqueduc de la Vanne, Arcueil
Cet aqueduc est sans doute l'un des organes les plus connus du monstre Paris. Il achemine l'eau de la Vanne depuis la région de Sens jusqu'au grand réservoir situé à côté du parc Montsouris, dans le 14e arrondissement. Il existait déjà un aqueduc à l'époque des Romains. Marie de Médicis l'a reconstruit pour alimenter en eau le jardin du Luxembourg. Belgrand, ingénieur de Napoléon III, l'a surélevé pour en faire l'une des principales canalisations d'alimentation en eau de la capitale.

Entrée/sortie : humains / autoroute A6, Arcueil

Toute cette eau, cette électricité, cette chaleur, ces déchets sont consommés, utilisés, rejetés par des humains. Certains résident à Paris même, mais beaucoup arrivent et repartent chaque jour. L'autoroute fait entrer et ressortir ces humains en flots ininterrompus.

Publié par thbz at avril 27, 2007 | Commentaires (5)


avril 26, 2007

26 avril 2007 - 13e arrondissement - (lien permanent)

Porte d'Italie invisible - 2

La porte d'Italie, vue des Maréchaux :

La porte d'Italie, vue du Kremlin-Bicêtre :

Entre les Maréchaux et le périphérique, l'espace est incertain. On a déjà considéré l'atelier de révision de la RATP, édifice qui peut-être, un jour, sera reconnu. On va examiner à présent quelques mètres de trottoir qui, eux, ne seront jamais regardés par personne. Cela se passe sur l'avenue de la porte d'Italie.

D'abord les murs :

En face, un lampadaire rappelle dans quel arrondissement on se trouve :

Un slogan donne la solution ultime :

Tout ceci est encore trop visible, au moins pour certains passants curieux. Cherchons sur le sol. Une plaque EDF :

La même, de plus près :

Une autre plaque :

Des pavés :

Une étiquette :

L'empreinte d'une chaussure :

Et ceci :

Pour finir, quelques plantes :

Aucune conclusion particulière.

Publié par thbz at avril 26, 2007 | Commentaires (4)


26 avril 2007 - 13e arrondissement - Arts, architecture... - (lien permanent)

Porte d'Italie invisible

Entre la porte de Choisy et la porte d'Italie...

...

... on longe un grand bâtiment en brique.


Les automobilistes qui passent là chaque matin ne se demandent jamais ce qu'il y a derrière ce mur, même s'ils empruntent la bretelle de sortie qui longe le hangar. Les riverains, qu'ils habitent côté 13e arrondissement ou côté Kremlin-Bicêtre, ne s'y intéressent pas non plus.

Un bâtiment industriel n'attire pas l'attention. On ne se demande pas spontanément à quoi il sert. Celui-ci, en particulier, est coincé contre le boulevard périphérique, au-delà des boulevards des Maréchaux. Donc plus vraiment à Paris, et pas encore en banlieue. Dans ce lieu indéfini, ce bâtiment a priori sans intérêt pourrait aussi bien ne pas exister. Il pourrait ne pas avoir de porte d'entrée. Il pourrait être un vestige, un édifice inachevé ou oublié, une erreur d'architecte. Le passant ne se pose même pas ces questions.

Les agents de la RATP savent, eux, à quoi sert ce bâtiment. Il abrite un atelier d'entretien (maintenance courante) et un atelier de révision (travaux plus importants de remise en état) du matériel roulant ferroviaire. La RATP possède plusieurs ateliers de ce type autour de Paris : à Saint-Ouen, par exemple, ainsi qu'à Rueil-Malmaison.

Ce bâtiment, avec sa triple nef de béton et ses dépendances, ne fait pas actuellement partie du Paris regardable. Cela peut-il changer ? Sera-t-il un jour reconnu comme un élément du patrimoine ? Quelqu'un va-t-il décréter qu'il représente un témoin intéressant de l'architecture industrielle d'avant-guerre et qu'il mérite à ce titre d'être préservé ?

Peut-être cela arrivera-t-il le jour où on évoquera sa destruction, comme pour la halle Sernam, qui était elle aussi un objet invisible jusqu'au jour où les projets de Paris-Rive Gauche, en la menaçant, en ont un fait un élément du patrimoine que certaines associations tentent de sauvegarder :

Mais il est possible, également, que jamais l'atelier de révision de Choisy ne commence à exister vraiment.

La suite : La porte d'Italie invisible (2/2).

Publié par thbz at avril 26, 2007 | Commentaires (5)


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