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juillet 19, 2006

19 juillet 2006 - 13e arrondissement - Tours - (lien permanent)

Le faucon

Il est adorable comme un gros moineau, mais son bec recourbé est celui d'un rapace. Je préfère ne pas le prendre dans mes mains. De toute manière, il ne se laisse pas approcher.

Coincé entre la porte-fenêtre et le garde-fou de la loggia, il ne peut pas grimper sur la rambarde ni prendre du recul pour s'envoler. Totalement ignorant de son sort dans des circonstances aussi nouvelles, il regarde l'appareil photo d'un air interrogatif. Il est vrai qu'il n'a pas grand'chose d'autre à faire.

(Cliquez sur l'image pour le voir tout entier)

C'est sûrement un faucon crécerelle (Falco tinnunculus). Sur Commons Wikimedia on trouve son frère ou son cousin. Il fixe le photographe de la même manière. Jamais il ne tourne le dos à un ennemi possible :


(source et droits d'utilisation)

En 2004, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) a essayé de favoriser le retour du faucon pélerin à Paris. Dans la famille des faucons, le pélerin c'est celui qui a réussi. On le cite dans les manuels scolaires parce qu'il atteint la vitesse de 300 kilomètres par heure en piqué : record absolu, tous animaux confondus. Un tel phénomène ne peut se contenter de manger de l'herbe : il bouffe donc les autres oiseaux. Le crécerelle, lui, se contente souvent de petits rongeurs et d'insectes.

En plus, son nom sonne mieux.

Il fallait bien ramener un tel oiseau à Paris. Allain Bougrain-Dubourg a donc grimpé sur les tours de la Bibliothèque nationale de France pour installer des nichoirs à faucon pélerin, avec vue panoramique.

Malheureusement les faucons pélerins ne sont pas venus sur la BNF. Seuls des crécerelles ont occupé les nichoirs. Ce qui n'est déjà pas si mal. Celui qui me rend visite vient peut-être de là-bas, traversant le 13e arrondissement d'une tour à l'autre jusqu'à ma fenêtre. Ou peut-être est-il parti des tours de Notre-Dame, où logent certains de ses camarades. Au total, une cinquantaine de couples vivraient à Paris.

Les tâches sur le carrelage montrent qu'il est resté longtemps coincé sur ma loggia, pris au piège de l'architecture moderne. J'ouvre l'une des portes-fenêtres pour lui permettre d'entrer dans une pièce où il pourra prendre son élan. Très effarouché, il refuse de bouger tant que je l'observe. Il partira plus tard, lorsque je l'aurai oublié.

Il reviendra pourtant brièvement le lendemain. Perché sur la rambarde, prenant garde à ne pas glisser comme la veille, il contemplera un instant le panorama du 13e arrondissement avant de s'envoler à nouveau. À quoi pense donc un faucon lorsqu'il regarde les tours du 13e ? À une seule chose, bien entendu : ma foi, se dit-il, voilà de biens beaux perchoirs !

Publié par thbz at juillet 19, 2006 | Commentaires (44) | TrackBack


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