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février 26, 2010
26 février 2010 - Corée - (lien permanent)
Alphabet coréen (1/2)
À première vue, un texte coréen ressemble à un texte chinois.
한글은 한국어의 고유 문자로서, 1443년 조선 제4대 임금 세종이 훈민정음(訓民正音)이라는 이름으로 창제하여 1446년에 반포하였다. 이후 한문을 고수하는 사대부들에게는 경시되기도 하였으나, 조선 왕실과 일부 양반층과 서민층을 중심으로 이어지다가 1894년 갑오개혁에서 한국의 공식적인 나라 글자가 되었고, 1910년대에 이르러 한글학자인 주시경이 '한글'이라는 이름을 사용하였다. 갈래는 표음 문자 가운데 음소 문자에 속한다.
(Début de l'article Hangeul de Wikipédia en coréen.)
Comme les idéogrammes chinois, les caractères coréens déploient une combinaison de traits de base à l'intérieur d'un carré. Parfois la sophistication du caractère pourrait faire croire à une imitation de la réalité :
C'est un pur hasard. Le hangeul est en fait un système purement phonétique, rationnel et scientifique, très bien adapté à la langue coréenne. C'est sans doute le meilleur système d'écriture du monde (le pire, à ma connaissance, étant le système japonais).
Le hangeul a été inventé au 15e siècle par le roi Sejong. De même que certains empereurs chinois comptent parmi les plus grands peintres de l'histoire de leur pays, Sejong a semble-t-il élaboré personnellement le système d'écriture qui fait aujourd'hui l'admiration des linguistes du monde entier (selon d'autres sources, il a validé le travail de quelques experts). Et contrairement à ces empereurs chinois qui excellaient dans la peinture lettrée, il fut aussi un excellent administrateur.
Pour comprendre comment fonctionne le hangeul, il faut, sous l'apparence d'un syllabaire au graphisme d'inspiration chinoise, apercevoir un alphabet très simple.
Alphabet ou syllabaire ?
Dans un alphabet, chaque caractère représente en principe un son de base ("a", "p", "z"). Dans un syllabaire, chaque caractère représente une syllabe entière. Un syllabaire peut comporter des centaines ou des milliers de caractères différents, contre vingt à quarante pour un alphabet. (La langue japonaise, assez pauvre sur le plan phonétique, peut se transcrire avec un syllabaire doté de quelques dizaines de caractères ; mais jamais elle ne s'est libérée des idéogrammes chinois, qui n'ont guère comme utilité que de distinguer plus facilement les homonymes dans un texte écrit.)
Or les langues d'extrême-orient remettent en cause nos catégories de pensée. Chez nous la notion de caractère est tellement simple qu'elle nous semble indissociable du langage même :
- un texte est constitué d'une succession de caractères disposés de gauche à droite ; à la rigueur, nous voulons bien admettre que d'autres systèmes d'écriture les rangent de droite à gauche, de haut en bas ou en boustrophédon ;
- ces caractères représentent un son unique. Ce principe n'est, nous le savons bien, guère respecté en français, mais l'apprentissage même des exceptions à l'école primaire renforce notre conscience de ce principe, qui nous apparaît comme le fondement d'un langage écrit.
Qu'est-ce qu'un caractère dans le système hangeul ? On peut considérer que les petites formes à peu près inscrites dans un carré, dont la succession forme un texte, constituent les caractères. Alors le hangeul est un syllabaire, car chacun de ces petits carrés correspond à une syllabe, et chaque syllabe de la langue est transcrite par un de ces éléments graphiques.
한 | 글 | 은 | 한 | 국 | 어 | 의 | 고 | 유 | 문 | 자 | 로 | 서... | |||
han | geul | eun | han | gug | ô | eui | ko | yu | mun | ja | ro | sô... |
On peut aussi constater que ces formes ne sont pas des atomes insécables. Elles peuvent s'analyser. En chacune d'elles on remarque deux, trois ou quatre éléments plus simples, qui représentent chacun, exactement comme les lettres occidentales, un son de base, consonne ou voyelle. Ces formes de base ne sont toutefois pas alignées dans le sens du texte, mais organisées au sein du carré de base : en haut, au milieu, en bas ; ou en haut à gauche, en haut à droite, en bas. Du son associé à ces formes découle le son de la syllabe.
Ainsi :
한국 (hangug, « la Corée ») = 한 (han) + 국 (gug) (prononcé en fait hanguk)
한 (han) = ㅎ (h) + ㅏ (a) + ㄴ (n)
국 (gug) = ㄱ (g) + ㅜ (u) + ㄱ (g)
Quant au caractère 꽃 vu plus haut, il s'analyse ainsi :
꽃 = ㄱ + ㄱ + ㅗ (o) + ㅊ (ch) : ggoch (prononcé en fait /kkotch/, en insistant sur le double k)
On peut donc dire qu'il s'agit d'un syllabaire si on considère que la disposition des caractères est forcément rectiligne ; je préfère considérer qu'il s'agit d'un alphabet car les syllabes sont faciles à décomposer. Le principe de composition des lettres est en effet simple et rigoureux.
Ainsi le lecteur débutant ne déchiffrera-t-il pas le texte simplement de gauche à droite. Son oeil suivra sur la page des méandres sortis de l'imagination du roi Sejong.
(À suivre : Apologie du hangeul.)
Publié par thbz (février 26, 2010) | Commentaires (0)
février 03, 2010
03 février 2010 - Cinéma - Graffiti - Paris - (lien permanent)
La rue Palatine contre-attaque
Une plaque de la rue Palatine, dans le 6e arrondissement de Paris :
Une autre, contre l'église Saint-Sulpice :
Un « P » ajouté de manière grossière par un fan de Star Wars, et la plaque de rue célèbre désormais, pas très loin du Sénat, le sénateur puis dictateur Palpatine. Le père de Dark Vador (père lui-même de qui vous savez) possède désormais sa rue en plein Paris.
Cette rue est en réalité consacrée à une princesse Palatine.
L'homme cultivé connaît peut-être les Lettres de la princesse Palatine (mais probablement pas celle-ci, sauf s'il est lecteur des Goncourt ou du moins internaute). Cette princesse allemande est venue épouser le frère de Louis XIV. Tandis que son mari la négligeait quelque peu au profit d'affections plus masculines, son beau-frère, par deux fois, commettait dans son Palatinat natal des ravages qui indignèrent l'Europe. Aujourd'hui, Charlotte-Élizabeth est plus célèbre que son mari et plus populaire que son beau-frère grâce à ses lettres qui décrivent avec vivacité, humour ou mélancolie la vie d'une princesse exilée à la cour de Versailles.
Mais la rue Palatine n'est pas nommée en l'honneur de cette Palatine-là. Car cette princesse n'est pas la seule qu'un prince français est allé chercher en Rhénanie pour en faire son épouse. La rue Palatine, c'est donc Anne de Bavière, cousine germaine de Charlotte-Élizabeth et femme du prince de Condé, lui-même cousin éloigné de Louis XIV. Elle habitait le Petit-Luxembourg, qui fait aujourd'hui partie du Sénat, et a fait établir dans la rue Garancière, à l'usage des Parisiens, une fontaine qui porte toujours son nom.
Une troisième Palatine, parmi d'autres encore, fut la mère de celle-ci, Anne de Gonzague, forte personnalité qui prit part aux intrigues de la Fronde. Anne de Gonzague est la princesse Palatine des Mémoires du Cardinal de Retz ; la princesse Palatine de Saint-Simon est plutôt Charlotte-Élizabeth.
Si la princesse Palatine a donc de nombreux visages, le Palatinat lui-même est ambigu. Il s'agit ici du Palatinat du Rhin, territoire de l'un des comtes palatins de l'empire carolingien puis du Saint-Empire romain germanique. Un autre de ces comtés est devenu, côté français, la Franche-Comté. Ces comtes étaient attachés à des palais impériaux.
On peut, enfin, suivre la trace du mot « palais » jusqu'au mont Palatin de Rome, siège de la demeure d'Auguste, qui désigne les palais impériaux.
En résumé : un jeu de mots sur un empire de fiction détourne le nom d'une rue qui désigne, par métonymie, une princesse dont le titre, hérité d'un comté impérial, dérive d'un type de construction qu'une synecdoque nomme d'après la colline sur laquelle la légende situe la fondation de Rome.
Une telle filiation n'est guère surprenante : Star Wars, avec son Sénat, son Empire aux contours incertains et ses guerres incessantes, n'est autre, après le Saint-Empire romain germanique, qu'une nouvelle résurgence du modèle de l'Empire romain.
Publié par thbz (février 03, 2010) | Commentaires (2)