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mars 28, 2011

28 mars 2011 - Arts, architecture... - (lien permanent)

Anges et sourires

Il y a un moment assez bref, dans l'histoire de l'art français, où les statues se sont mises à sourire. C'est vers la fin du XIIIe siècle, sous les règnes de Saint-Louis et de Philippe le Bel, à l'époque où l'État français se met en place, la justice est rendue et Paris commence à rayonner dans l'Europe.

La beauté de ces anges, sereine et équilibrée, atteint à un certain classicisme. Certains critiques d'art la trouvent pourtant maniérée. Quoi qu'il en soit elle a tenté les voleurs, qui se sont approprié deux anges similaires dans une église du Nord en 1977.

Ces anges du Louvre s'inspirent peut-être du plus célèbre des anges souriants, celui de Reims :


(Source : Commons, domaine public)

La ressemblance est encore plus frappante avec l'Ange de l'Annonciation.

Juste en face du Louvre, d'ailleurs, sur le portail de Saint-Germain-l'Auxerrois :

Au fur et à mesure que l'on avance dans les salles du Louvre, le sourire, toujours présent pendant quelques dizaines d'années encore, gagne peu à peu en intimité...

... mais perd quelque peu en spiritualité.

La Vierge est plus humaine, les anges moins divins.

C'est désormais le XIVe siècle. La Vierge joue avec l'Enfant, qui la taquine.

Peu après, ce sera la fin des Capétiens directs, les « Rois maudits », la Grande Peste et la guerre de Cent-Ans. Mais seule la Grande Guerre, au 20e siècle, interrompra le sourire de l'Ange au sourire de Reims, décapité lors d'un incendie. Sa tête sera remise en place quelques années plus tard.

Publié par thbz (mars 28, 2011) | Commentaires (4)


mars 15, 2011

15 mars 2011 - Paris - (lien permanent)

Dirigeable sur Paris

Vision, ce matin, d'un dirigeable survolant silencieusement Paris...

À Paris, on marche, on circule en voiture ou en métro, on téléphone, on bavarde.

Mais le survol en dirigeable ne fait pas partie des modes d'utilisation normaux de Paris.

Et lorsqu'on ne sait pas exactement apprécier les distances, et qu'au même moment la radio décrit inlassablement une catastrophe inouïe et sans cesse renouvelée à l'autre bout du monde, l'angoisse naît...

... de ce qui n'est qu'un vol prévu et annoncé, pour mesurer, justement, la radioactivité au-dessus de Paris.

Publié par thbz (mars 15, 2011) | Commentaires (3)


mars 14, 2011

14 mars 2011 - Arts, architecture... - (lien permanent)

Le docteur Goujon

Étienne Goujon, né en 1840 à trente kilomètres de Bourg-en-Bresse, fut maire du 12e arrondissement de Paris vers la fin du 19e siècle, tout en exerçant en parallèle les mandats de sénateur de l'Ain et, brièvement, de président du Conseil général du même département. Il est mort en 1907.

Bien sûr, ce n'est pas pour cela que je parle ici de lui.

La mémoire d'Étienne Goujon a été préservée par son inscription dans le réseau des rues de Paris. La rue du Docteur-Goujon (car il était médecin) trace un raccourci entre le boulevard de Reuilly et la rue de Picpus.

Or une vue depuis le ciel montre une remarquable homogénéité des deux blocs d'immeubles entre lesquels se glisse la rue du Docteur-Goujon :

Cette homogénéité est encore plus surprenante lorsqu'on parcourt à pied la rue en question :

Le triangle constitué par la rue du docteur Goujon et les deux blocs qui la bordent sur toutes leurs façades, entre le boulevard de Reuilly, la rue de Picpus et la rue Lamblardie, forme un gigantesque ensemble Art Déco, manifestement construit dans le cadre d'un programme unique. Je ne connais pas d'ensemble résidentiel Art Déco aussi vaste et homogène à Paris.

Toutes les façades ont la même hauteur, avec balcon filant aux deuxième et sixième étages. Des décors floraux stylisés soulignent le balcon haut. Seuls les angles de rues ont droit à quelques variations : rotonde, coin rentré... ainsi que les portes d'entrée, toutes individualisées :

Ces immeubles sont datés de la fin des années 1920 et signés d'un certain Landes.

Mais un mystère demeure : pourquoi, sur chacun des immeubles, le nom d'un autre architecte (ainsi que la lettre « s » à la fin du mot « architectes ») a-t-il été effacé ?

L'indispensable site parisenconstruction.blogspot.com permet de supposer à la lettre D comme Docteur-Goujon que le nom biffé est « Boutterin », architecte associé à Landes sur les permis de construire. Les mêmes noms apparaissent d'ailleurs sur l'immeuble du 56, rue Beaubourg.

Ce Boutterin est-il Maurice Boutterin (1882-1970), architecte en chef du Gouvernement, qui a également participé à l'aménagement du Petit Palais et a construit l'église Saint-Martin à Hénin-Beaumont ? Originaire de Besançon, il partage avec son père Marcel Boutterin (1842-1915) une rue dans cette ville.

S'il s'agit bien de cet architecte important et prolifique, comme cela paraît très probable, pourquoi donc son nom a-t-il été effacé ?

Publié par thbz (mars 14, 2011) | Commentaires (2)


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