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juin 19, 2011
19 juin 2011 - Divers - (lien permanent)
La vitesse de l'éclair
... non seulement la vitesse, mais aussi la forme de l'éclair et son parcours dans le ciel.
Le déploiement :
L'éclair est ruisseau, serpent, langue de caméléon, mais aussi explosion, big bang. C'est une faille fine qui découpe le ciel et un grand blanc qui aveugle le spectateur, insaisissable : soit parce qu'il va trop vite, soit parce qu'il est trop lumineux.
Dans un ciel apparemment sans obstacle, où la ligne droite, celle qu'empruntent l'avion ou l'oiseau, semble être le chemin le plus simple pour aller d'un endroit à un autre, l'éclair choisit au contraire un parcours tortueux, complexe, imprévisible.
Pourtant, il ne marche pas au hasard comme un ivrogne, mais oriente clairement son cours vers un objectif, qu'il atteint après de nombreux détours. Sa démarche ne paraît aléatoire qu'à des êtres attachés au visible ou à la gravité, alors qu'elle est déterminée par d'autres grandeurs physiques : accumulation d'électricité statique, différences de potentiel électrique. Les conditions d'électrisation du nuage définissent un parcours localement aléatoire, globalement dirigé vers une zone de charge opposée.
L'embrasement :
Le grand blanc (si rapide que le spectateur n'en a guère conscience. Pourtant l'espace a bien été empli de lumière ainsi) :
Le reflux :
Le reflux laisse apparaître plusieurs traînées. Sans doute la décharge a-t-elle emprunté, presque simultanément, tous les chemins qui lui offraient la résistance la plus faible pour atteindre sa cible.
La traînée :
Une reprise :
Ce tracé est imprévisible dans ses petits virages et dans ses ramifications infimes ; pourtant celui qui mesurerait le potentiel électrique des nuages pourrait en prédire la direction générale. Ainsi, le long de la mer, chaque caillou s'inscrit-il, en la déviant et la recourbant sans cesse, dans la ligne générale du rivage.
Inaccessible à la photographie, aveuglée en pose longue par le surgissement central de la lumière, l'éclair apparaît en revanche sur la vidéo :
(cliquez sur l'image pour la voir en grand)
En moins d'une seconde l'éclair trace son chemin, traverse le ciel, l'emplit complètement et se replie.
Publié par thbz (juin 19, 2011) | Commentaires (0)
juin 12, 2011
12 juin 2011 - - (lien permanent)
Paysage minimaliste
Dans une exposition du Grand Palais sur le paysage à Rome au XVIIe siècle, qui vient de se terminer, on pouvait voir, accrochés sur le mur de droite, trois petits tableaux de Goffredo Wals. Leur simplicité extrême m'a intrigué.
Parmi les trois tableaux il y avait celui-ci :
Composition oblique à gauche puis horizontale à droite, dirigée par les tours et les murs. Le nuage répète et amplifie la forme de l'arbre qui étrangement croît sur la tour d'angle. Les personnages ne sont guère plus que des poussières à la surface du tableau ; peut-être ne sont-ils là que pour attester que ce décor n'est pas une simple maquette.
La sobriété géométrique éloigne le tableau de toute référence réelle, mais l'absence de beauté évidente écarte l'hypothèse du paysage idéal. Rien ne semble expliquer pourquoi le peintre a voulu représenter un tel lieu.
Reste l'interprétation un peu facile : on dirait un tableau abstrait.
Interprétation anachronique et pourtant renforcée par un autre petit tableau de Goffredo Wals (ce nom pourrait être le pseudonyme d'un faussaire ; pourtant, Goffredo Wals a réellement existé) accroché dans le cadre de cette exposition, étonnante composition circulaire qui ne ressemble guère à une route de campagne :
Alors que la peinture de paysage dégage en principe des perspectives depuis le premier plan (arbre) jusqu'à l'infini bleuté de l'horizon, Wals clôt son paysage par un mur (Les murs de Rome) ou l'étrangle dans une perspective en entonnoir (Route de campagne et maison).
Même si les notices indiquent que Wals est un héritier d'Adam Elsheimer, la sobriété géométrique de ces tableaux me paraît détonner dans la peinture classique.
Goffredo Wals a encore peint d'autres paysages :
Publié par thbz (juin 12, 2011) | Commentaires (2)