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octobre 09, 2004
09 octobre 2004 - Paris - Plus - (lien permanent)
Les cicatrices de l'asphalte
La plupart des trottoirs parisiens sont recouverts d'asphalte.
L'asphalte est un matériau neutre. Gris, il se marie avec toutes les couleurs. Visqueux lorsqu'il est très chaud, il se coule dans n'importe quel espace et en particulier autour des poteaux et des équipements urbains aux formes tortueuses. C'est un matériau souple, sur lequel on peut marcher confortablement pendant des heures. Et il ne glisse pas trop sous la pluie.
Sa surface unie et d'un seul tenant présente pourtant un inconvénient : chaque fois que les services de la Ville de Paris veulent accéder au sous-sol, par exemple pour intervenir sur un réseau souterrain, ils ne peuvent pas ôter temporairement la couche d'asphalte et la remettre en place à la fin des travaux. Ils cassent l'asphalte au marteau-piqueur et, une fois les travaux terminés, ils versent une nouvelle couche d'asphalte. Elle ne se mélange pas avec la couche existante : leur frontière reste visible pour toujours. Au bout de quelques années, la surface du trottoir devient un costume d'Arlequin. Chaque intervention en sous-sol laisse une plaie en surface. Ainsi sur l'avenue Jean-Jaurès, dans le XIXème arrondissement :
Toutes ces plaies racontent l'histoire du trottoir à qui sait la lire. Souvent une inscription indique la date de l'intervention (ici sur la rue de Crimée, dans le XIXème arrondissement, au niveau du parc des Buttes-Chaumont) :
Quant à la nature de l'intervention, on peut essayer de la déduire du tracé des cicatrices.
Parfois un chemin d'asphalte tout neuf part d'un mur, englobe une petite plaque ronde EDF et rejoint un réverbère en bord de chaussée. On a sans doute changé l'alimentation électrique du réverbère. Le chemin peut aussi aller jusqu'à une bouche de gaz. Pour les égoûts en revanche, les ouvriers peuvent utiliser les bouches d'égoût, assez larges pour laisser passer un homme.
Ailleurs les ouvriers ont arraché une bande d'asphalte le long de la chaussée pour installer une barrière anti-stationnement, ou encore le long d'un mur pour planter un horodateur.
D'autres plaies, enfin, résultent de l'arrachement d'un poteau ou de la suppression d'une grille.
Dans les quartiers historiques, le granit apporte plus de cachet que l'asphalte. Il permet aussi d'accéder plus facilement aux réseaux souterrains. Il suffit en effet de supprimer quelques dalles pendant le temps des travaux et de les remettre en place à la fin. Il n'en reste aucune trace, sauf peut-être si on regarde de près le joint séparant les dalles.
Le granit présente un inconvénient lorsqu'il s'agit d'installer par exemple une bouche de gaz, car elle n'aura bien sûr pas les mêmes dimensions que la dalle. Il faudra alors supprimer la dalle, planter le poteau et couler du ciment tout autour. Ce n'est pas très joli, d'autant plus que le ciment finit par se craqueler. Mais cela coûte moins cher que de creuser un trou rond au milieu de la dalle :
Publié par thbz (octobre 09, 2004) | Commentaires (1)
09 octobre 2004 - Divers - (lien permanent)
Une poterie ancienne
Ceci est une sorte de carafe ou de gourde achetée chez un antiquaire. L'objet m'intrigue, car j'ignore totalement d'où il vient. La décoration est sommaire et mal conservée. Je suis simplement curieux d'en savoir plus parce qu'il me fait penser à des poteries antiques, en particulier chypriotes (cf un musée américain). Cliquez sur l'image pour l'agrandir un peu.
La décoration est constituée de traits et de losanges noirs et rouges. La poignée sert aussi de bec verseur ; il pourrait s'agir d'une gourde à laquelle un travailleur peut boire d'une seule main. Voici un détail du col :
J'apprécierais toute information supplémentaire ou piste de recherche...
Mise à jour (janvier 2008) : Irène, dans son commentaire ci-dessous, donne la solution, merci à elle ! Il s'agirait d'une « gargoulette » d'origine algérienne ou en tout cas nord-africaine. L'exposition virtuelle « Ideqqi » du musée du quai Branly donne des informations sur ce type de poteries, dont voici un exemplaire :
Publié par thbz (octobre 09, 2004) | Commentaires (14)
09 octobre 2004 - Graffiti - Paris - (lien permanent)
Implorations à saint Joseph
Dans l'église Saint-Sulpice, à côté de l'ex-voto consacré à Sophie Calle, on trouve une statue de saint Joseph avec l'Enfant, couverte d'inscriptions. Il ne s'agit pas de touristes qui veulent laisser dans la pierre la preuve de leur passage à ce moment et cet endroit précis, mais de croyants qui espèrent du saint la réalisation de leurs voeux.
On demande à saint Joseph ce que les marabouts africains promettent dans leurs prospectus et les astrologues dans leurs prédictions : réussite professionnelle, retour de l'être aimé, santé. Ainsi, sur un repli de la robe, derrière le pied du saint :
ST JOSEPH, MARIE MOI AVEC MOHAMED CHRISTINE
Souvent les solliciteurs demandent quelque chose pour leurs proches et non pas pour eux-mêmes. Que leur mari trouve du travail, que leurs enfants reviennent. Ainsi cette main qui a écrit au feutre sur les flancs de saint Joseph :
St Joseph libéré mon frère Joseph de la prison de [Fresnes ?] : il est innocent fait le Juge Mr S. et les Magistrats puisse le libéré s'il te plais
Et cela marche. Quelque temps plus tard, la même main est revenue écrire la suite de l'histoire sur un autre pli de la robe :
mon frère est libéré. Je vous remercie. Beaucoup. Merci. St Joseph
Il ne reste plus beaucoup de place sur la statue. Un archéologue identifierait plusieurs couches d'inscriptions, les plus anciennes aux trois quarts effacées. C'est pourquoi les invocations envahissent une autre statue dans la chapelle voisine. Certaines personnes ont même l'idée d'écrire leurs remerciements à la main sur des plaques de marbre qui n'ont pas encore reçu leur ex-voto. Ca coûte moins cher.
Publié par thbz (octobre 09, 2004) | Commentaires (1)