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octobre 16, 2005
16 octobre 2005 - Arts, architecture... - Asie - (lien permanent)
Kaushiki Chakrabarty, chant khyal
Kaushiki Chakrabarty est une jeune chanteuse de khyal (ou khayal), genre de chant d'Inde du Nord. La brochure explicative du Théâtre de la Ville accumule les témoignages élogieux de grands maîtres. Elle a vingt-cinq ans. Comme presque tous les musiciens indiens, c'est la fille d'un musicien lui-même réputé. Le talent se transmet-il par les gènes ou par l'éducation ? À deux ans elle répétait déjà tout ce que l'on chantait autour d'elle.
Elle s'assied sur un grand tapis au milieu de la scène noire. Trois musiciens l'accompagnent.
Elle se lance dans une composition basée sur le raga Bihag. Un raga, c'est un ensemble de notes. En l'occurrence : si, do, mi, fa, sol, si, do. C'est aussi un mode d'interprétation qui donne plus de poids à certaines notes qu'à d'autres, sur des rythmes particulièrement élaborés. C'est enfin une spiritualité, terme vague pour désigner tout ce qu'en tant qu'Occidental, je dois le reconnaître, je ne suis pas en mesure de comprendre.
Dans cette représentation de khyal comme dans la musique instrumentale, l'interprétation du raga commence par l'alap, phase pendant laquelle la soliste présente le raga. Elle chante les deux ou trois premières notes, les répète longuement, en extrait toute la moelle, monte peu à peu jusqu'à la quatrième, jusqu'à la cinquième, explore l'ensemble des possibilités mélodiques du raga tout en se contentant d'un accompagnement minimal : d'une part un tanpura, longue harpe qui ne diffusera pendant tout le morceau que deux ou trois notes tenues longuement et répétées indéfiniment pour installer un fond harmonique ; d'autre part un harmonium, instrument d'origine occidentale que les Indiens ont adopté pour accompagner les chanteurs de khyal.
Dans les concerts de sitar (l'instrument de Ravi Shankar), l'alap dure couramment vingt minutes ou une demi-heure. Dans le khyal ce n'est qu'une introduction. Au bout de cinq minutes Chakrabarty fait un signe au joueur de tabla, qui commence à tapoter sur ses deux tambours dépareillés. Le tabla est l'accompagnateur principal. Il aura même droit à de courts solos, contrairement au tanpura et à l'harmonium qui ne servent qu'à faire valoir la soliste.
Le rythme est d'abord lent. La chanteuse enveloppe et développe le raga, revient de temps en temps à la mélodie de base : si, do, mi, sol, la, do, si, do, si, sol, fa, mi, fa, mi, ré, do. Mélodie que répète indéfiniment l'harmonium, tandis que le tanpura continue à fournir imperturbablement la tonique et la dominante : do, sol, do, sol, en effleurant au passage une ou deux autres notes.
Le tempo accélère. La chanteuse va maintenant exprimer toute sa virtuosité. Les paroles du chant disparaissent. Sa, re, ga, ma, pa, da, ni, sa : elle ornemente sans fin en prononçant simplement les notes de la gamme, comme les palais arabes qui enchantent leurs murs avec de simples caractères alphabétiques calligraphiés. Sa voix est un instrument merveilleusement flexible dont elle ne perd jamais la maîtrise. Soudain elle répète la mélodie sur un ton plus bas, surprend l'auditoire en ralentissant subitement ; le joueur de tabla, en parfaite entente avec elle, accompagne le moindre de ses mouvements.
Ils ne s'arrêtent qu'au bout de 55 minutes. C'est une durée normale pour un raga.
Kaushiki Chakrabarty poursuit le concert avec des pièces plus courtes, basées sur d'autres ragas. Elle y prend des libertés avec la mélodie. Je jurerais qu'elle sort des notes prévues par le raga, mais je n'ai pas une oreille assez fine pour l'affirmer. Quoi qu'il en soit, l'inventivité de son chant, toujours en accord avec ses musiciens, permet de comprendre pourquoi certains jazzmen occidentaux se sont inspirés des musiciens indiens.
Elle termine par un bhajan, chant dévotionnel. Applaudissements, ovation debout. Les disques mis en vente au foyer du théâtre disparaîtront avant que je parvienne au comptoir.
Plus de détails sur le raga du côté de Wikipédia (article auquel j'ai contribué).
Pour le khyal, l'article anglophone est plus complet.
Publié par thbz (octobre 16, 2005) | Commentaires (1)
octobre 05, 2005
05 octobre 2005 - Arts, architecture... - (lien permanent)
Microgramme 21
Lu dans une vitrine, rue des Francs-Bourgeois.
La contemplation du paysage à la fenêtre me permet de noter
La contemplation du paysage à la fenêtre me permet de noter que ce qui passe dépasse parfois en grâce, en beauté, en noblesse, ce qui est arrêté, ou qui résiste. En cet instant, par exemple, les arbres et les arbustes sont secoués par le vent pour la seule raison, immédiatement perceptible, qu'ils sont persévérants. Dans la mesure où ils se relâchent, par moments, le secouement peut naître. S'ils n'étaient pas enracinés, on ne pourrait pas parler d'un murmure de leur feuillage, et par conséquent, plus question de rien entendre.
De nos jours, on n'a plus besoin d'un carnet pour conserver la trace d'une notice de tableau dans un musée ou d'un texte dans une vitrine. L'appareil-photo numérique remplace même le stylo.
... où on se rend compte que c'est un homme qui a écrit ce texte.
Ce texte est extrait de Microgrammes, de Robert Walser. 500 feuillets presque illisibles, retrouvés dans les papiers de l'écrivain, mort dans un asile psychiatrique le jour de Noël 1956 après vingt ans de silence. Il a fallu vingt ans pour les déchiffrer.
Publié par thbz (octobre 05, 2005) | Commentaires (0)
octobre 03, 2005
03 octobre 2005 - Paris - (lien permanent)
Nuit Blanche 2005
Je n'ai pas vu grand chose de la Nuit Blanche, cette année. Juste quelques illuminations nocturnes.
Au Grand Palais, on avait installé des miroirs obliques sur le sol. Les voûtes étaient plus belles dans leur reflet.
(images cliquables)
Plus tard dans la nuit, la masse de la tour Montparnasse illuminée égalait l'élégance de la tour Eiffel. I jaune, A blanc... | |
Publié par thbz (octobre 03, 2005) | Commentaires (2)